Le transporteur à bas coûts, première compagnie aérienne européenne en termes de passagers transportés, a en outre averti que ses concurrents étaient trop optimistes quant aux tarifs moyens sur les vols court-courriers en Europe cet été et appelé les analystes à une "prudence extrême" dans leurs prévisions.

Le compagnie irlandaise a publié un bénéfice en hausse de 12% pour son troisième trimestre clos fin décembre, en dépit de cafouillages dans les tableaux de services qui ont entraîné 20.000 annulations de vols et un conflit avec ses pilotes.

Elle a également annoncé - plus tôt que prévu selon les analystes - un plan de rachat d'actions de 750 millions d'euros.

La compagnie aérienne a été contrainte en décembre de reconnaître les syndicats pour la première fois en 32 années d'existence afin d'éviter une grève de ses pilotes.

L'action Ryanair perdait 2,36% à 15,755 euros à 11h41 GMT, dans la crainte de nouvelles perturbations de son activité.

Rassuré par les résultats trimestriels et la signature d'un accord de reconnaissance avec le syndicat britannique des pilotes, son directeur général, Michael O'Leary, a néanmoins annoncé que Ryanair était prête à résister à d'autres syndicats en Europe.

"DEMANDES RISIBLES"

"Nous avons certaines juridictions où nous recevons (...) des demandes risibles pour des conditions contre-productives de même type que dans les compagnies traditionnelles", a-t-il dit en référence à des demandes de conditions de salaires et de travail identiques à celles des compagnies à coûts plus élevés que Ryanair fragilise depuis dix ans avec son modèle à coûts ultra-bas.

"Franchement, nous n'accepterons jamais cela (...); si nous devons avoir des grèves ou des perturbations dans ces juridictions, et bien nous les aurons", a-t-il dit dans une présentation des résultats aux investisseurs pré-enregistrée.

Les pilotes, dont le pouvoir de négociation s'est renforcé du fait d'une relative pénurie de pilotes expérimentés en Europe, disent de leur côté qu'ils ne font que demander les mêmes conditions de travail que chez les concurrents à bas coûts de Ryanair, comme EasyJet et le norvégien Air Shuttle.

Le bénéfice après impôts de Ryanair est ressorti à 106 millions d'euros, en progression de 12% par rapport à l'an dernier, à un niveau supérieur à un consensus d'analystes avancé par la compagnie elle-même qui était à 101 millions d'euros.

La compagnie a confirmé sa prévision d'un bénéfice après impôts situé entre 1,4 milliard et 1,45 milliard d'euros sur l'ensemble de son exercice 2017-2018 qui prend fin le 31 mars.

Michael O'Leary a par ailleurs invité les analystes financiers à ne pas supposer que les bonnes performances du segment des court-courriers ces derniers mois en Europe allaient se prolonger jusqu'à la saison estivale.

EasyJet et Wizz ont annoncé des chiffres d'affaires soutenus sur la période, la faillite du britannique Monarch et la mise d'Air Berlin et d'Alitalia sous administration ayant dopé les tarifs.

"Nous ne partageons pas l'optimisme de certains concurrents et commentateurs de marché annonçant une hausse des tarifs de l'été 2018", a dit Michael O'Leary dans un communiqué. "Nous appellerions, dès maintenant, les investisseurs et les analystes à une extrême prudence dans leurs hypothèses en matière de tarifs" pour l'exercice qui sera clos en mars 2019.

Les tarifs aériens du groupe sur les trois derniers mois de 2017 ont été conformes aux attentes, en baisse de 4%, mais les revenus annexes des services optionnels, comme les suppléments de bagages ou l'embarquement prioritaire, ont augmenté de 12%.

(Conor Humphries, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par Conor Humphries