Naguib Sawiris défie Al Jazeera
Par La Rédaction
En demandant plus de démocratie, les Egyptiens espéraient également obtenir le corolaire de ce régime politique : une information libre et indépendante. Avec sa nouvelle chaîne, et porté par l’aura acquise lors de la Révolution égyptienne, le patron d’Orsacom Télécom veut exaucer cette aspiration au-delà des frontières nationales.
Le fondateur d’Orascom Télécom est entré sur le marché audiovisuel en 2003, avec la chaîne de divertissement OTV, qui se distinguait déjà par une diffusion moins rigoriste – sur le plan de la morale – que ses consœurs. En 2009, Sawiris obtenait une faveur exceptionnelle du gouvernement d’Hosni Moubarak : sa nouvelle chaîne, OnTV, était autorisée à diffuser des programmes d’information générale, à certaines heures, une possibilité qui avait jusqu’alors été refusée à toutes les chaînes privées égyptiennes.
Le prestige du Printemps Arabe
Du coup, au début 2011, OnTV est la seule chaîne non-officielle à pouvoir donner des informations aux Egyptiens sur les premières heures de la Révolution. Et OnTV assumera la tâche difficile de continuer à délivrer de l’information – la plus objective possible – tout au long des événements. La chaîne en a tiré un prestige encore intact dans la population égyptienne.
Ce n’est peut-être pas un hasard si la chaîne de Naguib Sawiris a d’emblée voulu donner la parole aux manifestants. De confession copte, l’homme d’affaires avait pu voir, quelques semaines plus tôt, sa communauté malmenée dans les rues égyptiennes. Fin 2010, les Chrétiens d’orient ont en effet subi une vague d’attentats meurtrière dans le pays. Et nombre d’entre eux ont manifesté leur colère face à l’absence de réaction des pouvoirs politiques égyptiens.
La nouvelle chaîne devrait déborder assez largement des frontières égyptiennes. Interrogé par La Tribune le directeur d’OnTvLive, Albert Shafik, ne souhaite pas parler du positionnement de la chaîne par rapport à ses sœurs aînées (Al Jazeera et Al-Arabiya). Mais OnTvLive a déjà des correspondants au Soudan et en Libye. Et elle vient de transmettre une demande d’accréditation pour un journaliste à Doha, au Qatar, terre natale d’Al Jazeera.