Le résultat préliminaire du vote a été annoncé par du groupe propriétaire des couches Pampers, de la lessive Ariel ou encore des rasoirs Gillette et dont la capitalisation boursière dépasse les 230 milliards de dollars (193 milliards d'euros), mais Peltz, à la tête du fonds Trian Fund Management, a refusé de concéder sa défaite dans l'attente des résultats définitifs.

Selon des sources, le vote pour ou contre la nomination de Peltz s'est joué à un point de pourcentage. Un inspecteur indépendant doit examiner et certifier le vote ce mois-ci et Trian pourrait ensuite contester le résultat en justice.

"Nous nous attendons à ce que Peltz, qui s'est élevé contre l'organisation de la société, sa gouvernance et ses récentes performances financières, conteste le vote", a dit l'analyste de Morningstar Erin Lash.

Les trois grandes sociétés de conseil aux actionnaires avaient recommandé un vote favorable pour l'investisseur activiste, qui ne réclamait qu'un seul siège au conseil.

L'action P&G, initialement en hausse, s'est retournée à la baisse et a fini sur une perte de 0,54% après l'annonce du résultat du vote lors de l'assemblée générale du groupe.

Trian, cinquième actionnaire de P&G avec une participation de 3,5 milliards de dollars, a notamment proposé de réorganiser le groupe en trois unités largement autonomes: beauté, produits de soins et de toilette; tissus et entretien de la maison; et produits de soins pour bébés, femmes et à l'usage de la famille.

P&G, dirigé par David Taylor, s'y est opposé en mettant en avant le fait que la direction du groupe réfléchissait déjà à plusieurs modifications possibles et que Peltz n'avait pas l'expérience nécessaire pour contribuer à cette réflexion.

L'investisseur était pourtant donné largement gagnant dans cette bataille parce qu'il avait le soutien des trois grands conseils et qu'il ne demandait qu'un seul siège.

"Qu'il ait gagné ou perdu, Nelson Peltz a porté la campagne activiste au sein des plus grandes sociétés, qui avaient réussi jusque-là à échapper à ce type d'expérience en dépensant suffisamment d'argent pour écarter les activistes", a dit Bruce Goldfarb, fondateur d'Okapi Partners, sociétés de conseil.

Les deux parties ont dépensé au total plus de 100 millions de dollars (85 millions d'euros) en mails, appels téléphoniques et publicité afin de convaincre les actionnaires.

Les petits porteurs détiennent 40% du capital du groupe, une proportion nettement plus importante que pour la plupart des autres grandes entreprises cotées.

Selon les analystes, cette base d'actionnaires individuels a joué un rôle de premier plan dans la défaite apparente de Trian. Il s'agit surtout d'employés et de retraités de P&G, qui sont la plupart du temps fidèles à la direction et qui peuvent se méfier des intentions des fonds d'investissement de Wall Street.

(Svea Herbst-Bayliss à Boston et Siddharth Cavale à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)

par Svea Herbst-Bayliss et Siddharth Cavale