HONG KONG/LONDRES (Reuters) - HSBC Holdings a abandonné mardi son objectif de rentabilité à long terme et dévoilé une nouvelle stratégie centrée sur la gestion de fortune en Asie après avoir vu son bénéfice annuel fondre sous les effets de la crise sanitaire.

Evoquant le contexte de taux d'intérêt bas et les conditions de marché difficiles, HSBC a abandonné son objectif d'atteindre à long terme un rendement des capitaux propres tangibles de 10% à 12% et a déclaré qu'elle viserait plutôt 10% à moyen terme.

La pression sur les marges et les pertes croissantes en Europe ont forcé HSBC à se concentrer davantage sur l'Asie, qui représentait 146% de ses bénéfices en 2020.

"Le grand changement structurel qui s'est opéré depuis que nous avons présenté le plan en février dernier a été en réalité la baisse des taux d'intérêt vers zéro sur la plupart des marchés où nous sommes présents", a déclaré à Reuters Ewen Stevenson, directeur financier du groupe HSBC.

"Si les taux d'intérêt étaient aujourd'hui 100 points de base plus élevés, cela améliorerait nos rendements de 3 points de pourcentage".

La banque a déclaré qu'elle verserait un dividende de 0,15 dollar par action (0,12 euros) en numéraire, le premier versement annoncé depuis octobre 2019. La Banque d'Angleterre a empêché tous les grandes banques de verser des dividendes ou de racheter des actions en 2020 pour préserver le capital.

Toutefois, HSBC a indiqué qu'elle mettrait fin à la pratique de versement d'un dividende trimestriel et qu'elle viserait un taux de distribution compris entre 40% et 55% des bénéfices déclarés par action ordinaire à partir de 2022, bien inférieur au niveau de ces dernières années.

HSBC a également annoncé vouloir réduire ses effectifs dans certaines de ses fonctions de "back-office", comme la technologie et les opérations, sans préciser le nombre d'emplois touchés. La banque a supprimé 11.000 emplois en 2020.

Cette annonce intervient alors que HSBC a fait état d'une baisse de 34% de ses bénéfices annuels, une chute un peu moins forte qu'attendu.

La première banque européenne en termes d'actifs a annoncé un bénéfice avant impôts de 8,78 milliards de dollars pour 2020, contre 13,35 milliards de dollars un an plus tôt. Les analystes tablaient en moyenne sur 8,33 milliards de dollars.

Le titre HSBC coté à la Bourse de Hong Kong était pratiquement inchangé à 7h30 GMT, après avoir gagné jusqu'à 6,45% plus tôt en séance.

"L'actualisation de la stratégie, déjà dévoilée dans la presse financière, est largement conforme aux attentes et offre peu de nouvelles surprises", ont déclaré les analystes de Citi.

RECENTRAGE SUR L'ASIE

La croissance du groupe en Asie au cours des cinq prochaines années sera alimentée par environ six milliards de dollars d'investissements supplémentaires dans les activités de gestion de patrimoine et de commerce de gros international.

Concernant son activité de banque d'investissement, HSBC a précisé qu'elle allait rééquilibrer le capital, les investissements et le personnel de l'Europe et de l'Amérique du Nord vers l'Asie.

La banque a par ailleurs annoncé être en pourparlers avec un acheteur potentiel pour sa banque de détail en France, qu'elle essaie de céder depuis plus d'un an, mais aucun accord n'a été confirmé.

HSBC a également ajouté explorer "des options organiques et inorganiques" pour sa franchise de banque de détail aux États-Unis, suggérant une possible cession de cette division. La banque a déjà fermé 80 agences l'année dernière.

Au Mexique, HSBC a accusé une perte de 187 millions de dollars en 2020, beaucoup de ses succursales étant resté fermées en raison de la pandémie, mais le directeur général, Noel Quinn, a déclaré à Reuters qu'il était confiant quant aux perspectives de l'entreprise.

HSBC a déjà envisagé de vendre sa filiale mexicaine, qui a été condamnée à payer une amende de 1,9 milliard de dollars en 2012 pour ne pas avoir empêché les cartels de blanchir des centaines de millions de dollars.

"Nous sommes convaincus que la filiale de HSBC au Mexique connaîtra à nouveau le succès après l'enquête, et c'est une entreprise de grande envergure", a dit Noel Quinn.

(Version française Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)

par Alun John et Lawrence White