PARIS (Agefi-Dow Jones)--Safran a dévoilé jeudi des perspectives de moyen terme saluées par le marché, l'équipementier aéronautique et motoriste comptant notamment parvenir à une rentabilité supérieure à celle antérieure à la crise.

Vers 11h25, l'action Safran gagne 0,6%, signant l'une des rares hausses du SBF 120 qui de son côté chute de 1,1%, lesté par les craintes sur le variant Omicron.

Les perspectives à moyen terme livrées par le groupe "sont très encourageantes", apprécie UBS. "Nous pensons que certains investisseurs pourraient être un peu déçus par les prévisions de revenus, mais nous pensons que davantage [d'entre eux, NDLR] seront rassurés par les prévisions de marge et de conversion de trésorerie", commente de son côté JP Morgan Cazenove.

"J'ai une très grande confiance dans la capacité de Safran à rebondir pour atteindre des objectifs financiers ambitieux", a déclaré le directeur général du groupe, Olivier Andriès, lors d'une conférence de presse.

Forte croissance des activités de services pour moteurs civils

A l'horizon 2025, le groupe vise une marge opérationnelle courante ajustée comprise entre 16% et 18%, contre 15,5% en 2019 et 10,2% en 2020. L'industriel a toutefois prévenu que le profil de cette rentabilité ne serait pas linéaire, avec une accélération attendue de la croissance de la marge en 2024-2025. Cet accroissement en fin de période sera permis par l'atteinte, au plus tard en 2025, du point mort de la marge brute du moteur LEAP de CFM International, la coentreprise entre Safran et General Electric, ainsi que par une baisse des dépenses informatiques. La rentabilité sera également soutenue par des économies annuelles de 500 millions d'euros réalisées pendant la crise.

Le groupe prévoit également une croissance organique annuelle moyenne de plus de 10% de son chiffre d'affaires ajusté pour la période 2021-2025. Dans les activités de services pour les moteurs civils, dont l'évolution est très suivie par les analystes, le groupe anticipe une croissance de 15% en moyenne par an. En particulier, la consommation de pièces de rechange des moteurs CFM 56 de seconde génération devrait revenir à son niveau de 2019 en 2024 avant d'atteindre un plateau à partir de 2025 et jusqu'en 2028, selon les projections du groupe.

Au niveau de sa trésorerie, Safran compte parvenir à un taux de conversion moyen de son résultat opérationnel courant ajusté en flux de trésorerie libre de 70% entre 2021 et 2025. "La génération de cash-flow libre devrait atteindre 10 milliards d'euros en cumulé sur la période 2021-2025, grâce notamment à un doublement de l'Ebitda (excédent brut d'exploitation, NDLR)", a également indiqué l'industriel.

De potentielles cessions et acquisitions

Dans la Propulsion aéronautique et spatiale, la plus importante division du groupe, Safran estime pouvoir dégager une marge opérationnelle courante ajustée de plus de 20% à l'horizon 2025. Dans les Equipements aéronautiques (câbles, trains d'atterrissage, freins) et la Défense, le groupe vise une marge opérationnelle courante ajustée d'environ 15% à la même échéance. Dans la division Aircraft Interiors (sièges, cabines), le groupe prévoit de dégager une marge opérationnelle courante ajustée de plus de 10% en 2025.

En matière de politique de retour à l'actionnaire, Safran compte verser en 2023 un dividende au titre de l'exercice 2022 avec un taux de distribution de 40%. "Au-delà de 2023, le conseil d'administration examinera sa pratique de retour aux actionnaires afin d'assurer un rendement croissant et attractif", a indiqué Safran.

Le groupe a par ailleurs indiqué avoir mené un examen du portefeuille des activités héritées de l'équipementier Zodiac Aerospace, dont l'acquisition a été finalisée en 2018. Safran a indiqué qu'il considérait 70% de ces activités comme étant essentielles tandis que 30% sont "en cours de revue".

Olivier Andriès a indiqué que cette revue et ses potentielles conséquences, comme des cessions, "se matérialiseront dans les deux années qui viennent". Ces activités représentent environ 1 milliard d'euros de revenus.

Au-delà des potentielles cessions liées à cet examen, le groupe restera à l'affût d'acquisitions ciblées, en particulier pour se renforcer dans sa division Equipements aéronautiques et Défense, a indiqué Olivier Andriès.

Confiance dans la reprise du trafic

Interrogé sur l'impact potentiel du variant Omicron du coronavirus, Olivier Andriès a jugé que son apparition démontrait que "le risque Covid était encore là" et créait ainsi "une incertitude à court terme". Malgré cela, "avec tout ce qui a été fait et continuera à être fait en termes de campagne de vaccination, nous sommes confiants dans la reprise du trafic à moyen terme", a assuré le dirigeant. Safran prévoit un retour du trafic moyen-courrier à son niveau de 2019 à la fin 2022, avant une croissance de 4,8% en moyenne les trois années suivantes.

Sur le long terme, c'est-à-dire les 20 prochaines années, Safran table sur une croissance annuelle moyenne du trafic aérien de 2,9%. Cette projection est nettement inférieure à celles d'Airbus et Boeing pour le long terme, qui portent respectivement sur 3,9% et 4%. "Nous avons une vision plus prudente que les avionneurs", a reconnu Olivier Andriès.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: VLV - ECH

Agefi-Dow Jones The financial newswire

(END) Dow Jones Newswires

December 02, 2021 05:34 ET (10:34 GMT)