FRANCFORT (Reuters) - AstraZeneca a démenti mardi que son vaccin contre le COVID-19 n'ait qu'une efficacité très limitée chez les personnes âgées de plus de 65 ans, à la suite d'informations parues dans la presse allemande sur les craintes de voir ce vaccin ne pas être autorisé dans l'Union européenne pour cette catégorie d'âge.

Dans des publications distinctes, les journaux Handelsblatt et Bild ont rapporté que le vaccin développé conjointement par AstraZeneca et l'université d'Oxford présentait une efficacité de l'ordre de 8% chez les plus de 65 ans.

Certains craignent en conséquence que l'Agence européenne des médicaments (EMA), dont l'avis est attendu en fin de semaine, ne valide pas son utilisation pour les personnes âgées, précise Bild dans son édition en ligne.

Le ministère allemand de la Santé a déclaré mardi qu'aucun élément ne permettait d'estimer à seulement 8% l'efficacité du vaccin d'AstraZeneca chez les personnes de plus de 65 ans.

"Je n'ai aucune idée de la provenance de ce chiffre. Il est faux", dit le PDG du groupe dans un entretien publié mardi par les titres de l'alliance LENA, dont Le Figaro fait partie.

"Des régulateurs de nombreux pays - une douzaine - ont approuvé ce vaccin pour les personnes âgées de 18 ans et plus. Comment peut-on penser que tous ces gens auraient approuvé notre vaccin si son efficacité était de 8%?", poursuit Pascal Soriot.

PAS DE PROFIT

"Pourquoi cette affirmation est-elle sortie ? Je ne sais pas. Encore une fois, les émotions sont vives en ce moment et certains inventent des histoires. Pour quelle raison? Peut-être existe-t-il des considérations politiques locales, parfois?."

La Grande-Bretagne a été le 30 décembre le premier pays à autoriser ce vaccin administrable en deux doses, sans imposer de limite d'âge.

AstraZeneca est déjà sous le feu des critiques de l'UE en raison des retards annoncés dans ses livraisons de vaccins commandés par le bloc pour ses 27 Etats membres.

Selon Pascal Soriot, ces retards sont dus à des problèmes de fabrication de la substance médicamenteuse. "Nous pensons avoir réglé ces problèmes, mais nous avons deux mois de retard par rapport à ce que nous voulions", reconnaît-il.

"Notre capacité totale dans le monde est actuellement d'environ 100 millions de doses par mois, quand la plupart des vaccins sont produits à cette quantité sur un an. Nous, nous avons déjà un rythme de 1,2 milliard de doses par an et nous voulons encore augmenter cette cadence. L'Europe, qui représente 5% de la population mondiale, obtiendra 17% de notre production en février", ajoute-t-il.

Le PDG nie en outre que le groupe favorise d'autres pays pour gagner plus d'argent "parce que nous ne faisons de profit nulle part".

"C'est l'accord que nous avons avec l'Université d'Oxford : nous serons sans profit", ajoute-t-il.

(Ludwig Burger et Edward Taylor; Version française Bertrand Boucey et Jean-Philippe Lefief)