La décision du conseil d'administration du groupe d'aérospatiale et de défense n'est plus qu'une question de semaines, devançant ainsi le délai fixé initialement à la fin de l'année pour remplacer Tom Enders qui compte quitter le groupe au printemps 2019 sans briguer de troisième mandat.

Après une longue série de départs de dirigeants depuis plusieurs mois, Airbus doit en plus régler des retards de production et répondre à une enquête pour corruption.

    Guillaume Faury, 50 ans, a quitté en février Airbus Helicopters pour diriger le pôle d'avions commerciaux après le départ de Fabrice Brégier qui rejoindra lundi prochain la filiale française du groupe technologique américain Palantir.

Le principal rival de Guillaume Faury, le PDG de Thales Patrice Caine, 48 ans, renâcle à l'idée de quitter l'équipementier mais il pourrait s'y résoudre si le gouvernement le lui demandait, selon la presse.

L'Etat français ne détient plus que 11% d'Airbus mais il est encore la premier actionnaire de Thales, devant Dassault Aviation. l'équipementier a connu des crises managériales à répétition avant la pacification opérée par Jean-Bernard Lévy, nommé fin 2012, et poursuivie par Patrice Caine deux ans plus tard.

Airbus et Thales ont refusé de commenter ces informations.

Le calendrier de la transition reste encore à déterminer, mais deux sources proches du groupe disent que Guillaume Faury pourrait devenir président exécutif dès cette année, avançant le plan initial consistant à faire coïncider la transition managériale avec l'assemblée générale de mai 2019.

Le conseil d'administration pourrait prendre une décision finale lors de sa réunion du 13 novembre.

Guillaume Faury, le patron des avions commerciaux qui a accompagné le conseil d'administration en Chine cette semaine pour une session stratégique annuelle, a émergé comme favori pour succéder à Tom Enders.

"Il a gagné ses galons chez Airbus (Commercial Aircraft). C'est un industriel qui connaît les problèmes et la technologie", a estimé une source proche des discussions.

DES PROBLÈMES DE PRODUCTION EN SERIE

Guillaume Faury devra cependant régler des problèmes industriels qui risquent d'entamer la génération de trésorerie et de freiner les projets de nouvelles augmentations de cadences de production.

En plus des retards liés aux moteurs des monocouloirs A320neo, Airbus fait désormais face à des problèmes de qualité, susceptibles d'accroître les coûts et d'entraîner de nouveaux retards.

Ces difficultés, liées au rodage d'une nouvelle ligne de production en Allemagne, a conduit Guillaume Faury à prévenir ses collaborateurs ce mois-ci que cela risquait d'entamer la confiance des clients, selon une personne proche du dossier.

L'action Airbus reste proche de ses records, ses objectifs de production restant pour l'instant inchangés. Le titre cède 0,72% à 108,12 euros vers 13h55, après avoir gagné plus de 30% en 2018 et en 2017.

Guillaume Faury devra aussi restaurer la confiance en interne à la suite d'une enquête concernant le recours à des intermédiaires, qui en est à sa troisième année et qui est pilotée par le conseil d'administration et non par la direction.

S'il est confirmé, le choix de Guillaume Faury pourrait à terme entraîner un remaniement du conseil d'administration que le président français Denis Ranque doit quitter en 2020.

Airbus répartit traditionnellement les tâches de président du conseil et de président exécutif entre un Français et un Allemand, même si la capacité de Paris et Berlin à faire respecter cet équilibre politique a été supprimé en 2013, sous la houlette de Tom Enders.

(Version française Cyril Altmeyer, édité par Jean-Michel Bélot)

par Tim Hepher

Valeurs citées dans l'article : Airbus SE, Thales, Dassault Aviation