Berlin ne voit pas la nécessité de discuter de la succession du président exécutif d'Airbus, Tom Enders, dont le mandat expire en 2019, ni de changer la structure de l'actionnariat du groupe d'aérospatiale et de défense, a déclaré vendredi un porte-parole du gouvernement allemand.

Airbus a révélé mardi avoir informé les autorités américaines d'inexactitudes sur des contrats d'exportation d'équipements militaires et de services associés, ouvrant un nouveau front judiciaire pour le groupe européen d'aérospatiale et de défense visé par des enquêtes anti-corruption au Royaume-Uni et en France.

"Nous avons une structure d'actionnaires qui fonctionne et il n'y a pour l'instant aucune raison du point de vue du gouvernement fédéral de changer les participations ou les règles", a dit Steffen Siebert, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse.

La France et l'Allemagne ont ramené leur participation dans Airbus à 11% chacune à la suite d'une réorganisation de la gouvernance du groupe menée par Tom Enders avec l'objectif affiché de s'affranchir le plus possible de l'influence des Etats et de transformer le groupe en entreprise "normale".

Signe de la pression qui pèse sur Tom Enders, le Canard Enchaîné et le quotidien allemand Handelsblatt ont écrit cette semaine qu'Emmanuel Macron souhaiterait que le numéro un d'Airbus soit remplacé.

Citant un proche du chef de l'Etat, l'hebdomadaire satirique précise qu'Emmanuel Macron se serait donné jusqu'à fin janvier pour trouver le bon candidat et que la chancelière allemande, Angela Merkel, ne serait pas opposée à ce qu'un Français prenne la tête du groupe aéronautique européen.

L'Elysée n'a pas souhaité commenter ces informations.

LE PDG DE THALES DÉMENT AVOIR ÉTÉ CONTACTÉ

Au moins deux personnalités pourraient faire l'affaire et ont été sollicitées, selon le Canard, citant le PDG de Thales Patrice Caine, qui aurait décliné la proposition, et Thierry Breton, le PDG de la SSII Atos, qui pourrait devenir administrateur.

Mais un porte-parole de l'équipementier pour l'aérospatiale et la défense, dont l'Etat et Dassault Aviation sont les deux principaux actionnaires, a démenti que Patrice Caine ait été contacté à ce sujet, le disant "totalement investi" dans l’accélération de son groupe dans le numérique, tandis que Thierry Breton n'a pas répondu à la sollicitation de Reuters.

Le Canard Enchaîné cite aussi le nom de l'ancien PDG d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac, à la plus grande surprise de celui-ci.

"J’aurais aimé être au courant avant qu’on s’occupe de mon cas!", a répondu à Reuters Alexandre de Juniac, actuellement directeur général de l'Association internationale du transport aérien (Iata).

L’Allemand Tom Enders, âgé de 58 ans, a été nommé président exécutif de l'ensemble du groupe Airbus en 2012 et a été réélu en 2016.

Il avait auparavant dirigé le segment avions de ligne d'Airbus (de loin le plus important du groupe) entre 2007 et 2012. Il avait été avant cela co-président exécutif d’EADS (ex-Airbus Group) de 2005 à 2007 et avait dirigé le pôle défense du groupe de 2000 à 2005.

Le président actuel du conseil d’administration est Denis Ranque (65 ans), ex-patron de Thales, élu en 2013, puis réélu en 2017 et son mandat expire en 2020.

(Paul Carrel, avec Cyril Altmeyer et Jean-Baptiste Vey à Paris et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par)

Valeurs citées dans l'article : Air France-KLM, AtoS SE, Airbus SE, Thales, Dassault Aviation