Dassault Aviation et Airbus dirigent le programme franco-allemand du Système de combat aérien du futur (SCAF), qui comprend une gamme d'armes associées, comme des drones. L'Espagne a rejoint le projet le mois dernier.

La Grande-Bretagne poursuit quant à elle son propre projet d'avion de combat Tempest, dirigé par BAE Systems, et a annoncé vendredi que la Suède la rejoignait, se disant ouvert à la participation d'autres partenaires potentiels.

"Nous avons besoin que tous ces grands pays et grandes industries fournissent un programme ambitieux si l'Europe veut jouer sur le même terrain que les Etats-Unis", a déclaré Patrice Caine.

"L'Europe devrait être unie sur ce front. C'est juste du bon sens", a-t-il dit, interrogé sur le fait de savoir s'il y avait de la place pour plusieurs projets.

L'équipementier français fait partie du projet SCAF en tant que fournisseur de Dassault Aviation mais, selon certaines sources, serait en concurrence avec Airbus pour le rôle-clé consistant à fournir des systèmes nécessaires pour faire communiquer des avions avec et sans équipage et intégrer des armes de plus en plus connectées.

Un porte-parole de Thales a démenti toute rivalité avec Airbus.

Patrice Caine a défendu les capacités de Thales dans ces domaines, mais risque de rencontrer l'opposition d'Airbus, qui a prévenu au nom de l'industrie allemande que l'initiative franco-allemande pourrait échouer si la France récupérait une part trop importante du travail.

"Ce que nous aimerions mettre sur la table pour notre contribution c'est (...) ce que nous faisons en termes de capteurs, comme les radars, la guerre électronique, la communication, l'optronique", a dit Patrice Caine.

"Un autre aspect concerne ce que l'on appelle le combat connecté collaboratif : comment connecter des plates-formes, des avions de combat, des drones, des hélicoptères, des satellites, à toutes les différentes plates-formes présentes sur le champ de bataille, dans les airs ou dans l'espace ?"

Les analystes se sont aussi demandé si l'Europe - qui propose actuellement trois avions de combat concurrents - pouvait se permettre d'éparpiller ses efforts alors que l'industrie de la défense exhorte les capitales européennes à agir rapidement au risque de devoir s'incliner face à de plus grands acteurs.

MÉGA-FUSION UTC-RAYTHEON

Patrice Caine a souligné que les marchés de la défense continuaient à augmenter rapidement en Asie tandis que les dépenses militaires progressaient en Europe occidentale, dans un contexte de tensions croissantes avec la Russie.

Interrogé sur l'impact de la fusion prévue entre les américains United Technologies et Raytheon, qui concerne aussi bien l'aviation commerciale que la défense, Patrice Caine n'a évoqué aucune pression en Europe pour une réaction immédiate.

"Ils resteront de puissants concurrents. Seront-ils encore plus forts en réunissant avionique et missiles ? (...) Je n'en suis pas sûr", a-t-il dit. "En termes de concurrence, pour moi, à première vue, cela ne devrait pas changer la donne."

Patrice Caine s'est dit prudent concernant la consolidation de l'industrie européenne de la défense ajoutant toutefois que Thales était prêt à saisir toutes les opportunités qui se présenteraient.

Certains analystes estiment que l'accord entre United Technologies et Raytheon pourrait relancer les discussions en vue d'un rapprochement entre Thales et le motoriste Safran, qui avaient abandonné des discussions informelles de fusion en 2007.

La reprise de telles discussions nécessiteraient en outre l'appui de l'Etat français et de Dassault Aviation, actionnaires de Thales.

Le groupe a finalisé cette année le rachat du spécialiste de la sécurité numérique Gemalto pour un montant de 4,8 milliards d'euros, renforçant ainsi sa présence sur le marché des services de sécurité, en pleine expansion.

Le site d'informations économiques La Tribune rapportait mardi que la coentreprise entre Thales Alenia Space et l'italien Leonardo supprimerait 452 emplois en France sur 4.800 en raison d'une faible demande pour ses satellites.

(Dominique Rodriguez et Cyril Altmeyer pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten et Jean-Michel Bélot)

par Aradhana Aravindan