* La France utilise la technologie de l'américain Palantir

* Un contrat qui interroge sur la souveraineté numérique du pays

* Aucun appel d'offres n'a encore été lancé - PDG Thales

par Mathieu Rosemain

PARIS, 23 octobre (Reuters) - Une alternative française à la technologie du géant américain de l'analyse de données Palantir pour aider la France à prévenir d'éventuelles attaques terroristes prendrait environ deux ans de développement, a déclaré vendredi le PDG du groupe de défense Thales.

Les services du renseignement français ont eu recours à Palantir, spécialisé dans le traitement et l'analyse de grandes quantités de données, à la suite des attentats de novembre 2015 à Paris et Saint-Denis qui ont fait 130 morts.

Le contrat, d'une durée initiale de trois ans, a été renouvelé l'an dernier. Selon la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ce renouvellement a été effectué faute d'alternative française, alors même que le président Emmanuel Macron a plaidé pour une souveraineté numérique européenne face à la domination des Etats-Unis et de la Chine.

Une version française de l'outil développé par Palantir est possible mais nécessiterait le soutien de l'Etat français, a déclaré Patrice Caine, PDG de Thales, lors d'un déjeuner avec l'Association de la presse anglo-américaine.

"L'enjeu économique est très faible", a-t-il dit, précisant que le contrat signé par la DGSI avec Palantir valait quelques millions d'euros.

"Ensuite, il y a l'enjeu de souveraineté, d'autonomie, d'indépendance et ça, c'est une question pour laquelle seul l'Etat a la réponse", a-t-il ajouté.

Selon Patrice Caine, la mise en oeuvre d'une alternative française à Palantir pourrait être rapide.

"C'est une question d'années (...) On va dire deux ans. Ça va vite", a-t-il dit.

Contacté, Palantir n'a pas souhaité faire de commentaires.

L'an dernier, le directeur général de la DGSI, Nicolas Lerner, avait déclaré à Reuters qu'il préférait utiliser une technologie française, citant les groupes Thales, Dassault Systemes et Sopra Steria comme possibles fournisseurs.

Aucun appel d'offres n'a été lancé et Thales n'a reçu jusqu'à présent qu'une "demande d'informations", tout comme d'autres entreprises, a indiqué vendredi Patrice Caine.

Palantir a été cofondé en 2004 par le milliardaire américain Peter Thiel à la suite des attentats du 11 septembre 2001. La société, qui emploie 2.500 personnes, a été introduite en Bourse le mois dernier et est valorisée à près de 16 milliards de dollars.

(Blandine Hénault pour la version française)