par Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain

L'opérateur, propriété du milliardaire Patrick Drahi, a renoué en début d'année avec les gains d'abonnés dans le fixe, avec 71.000 clients supplémentaires, pour la première fois depuis sa prise de contrôle, grâce à une nette inflexion du taux de désabonnement de ses clients.

Dans le mobile, l'opérateur a recruté 239.000 nouveaux abonnés à un forfait, également sa meilleure performance depuis novembre 2014, revenant au niveau de ses concurrents.

Le chiffre d'affaires consolidé d'Altice France a toutefois reculé sur la période à 2,59 milliards d'euros, contre 2,61 milliards lors du premier trimestre 2017, pénalisé par le recul du revenu moyen par abonné passé en un an de 35,9 euros à 34,7 euros, dans un contexte de bataille des promotions à répétition entre les opérateurs français.

La baisse s'infléchit cependant par rapport au trimestre précédent tandis que l'Ebitda ajusté s'est amélioré passant de 908 à 915 millions d'euros.

En Bourse, l'action d'Altice grimpe de 8,34% à 8,52 euros en milieu de journée, signant la deuxième plus forte hausse de l'indice européen Stoxx 600 (+0,15%) et réduisant sa baisse depuis le début de l'année autour de 1%.

"Les chiffres commerciaux en France sont très supérieurs aux attentes alors que SFR continue à créer une dynamique à travers la diminution des départs d'abonnés et des prix attractifs", soulignent les analystes de Barclays dans une note.

L'incapacité d'Altice, lourdement endetté, à stopper les départs d'abonnés, en particulier dans le fixe, en dépit d'investissements massifs dans les contenus et les droits sportifs, a créé un vent de panique chez les investisseurs en fin d'année dernière, plombant le titre en Bourse.

Pour rebondir, Altice a revu son équipe de direction et sa stratégie commerciale, tout en donnant la priorité au désendettement avant d'opter pour une séparation de ses activités en Europe et aux Etats-Unis.

"Nous avons bon espoir que ces premières améliorations significatives s'amplifient lors des prochains trimestres", a déclaré à des journalistes Dexter Goei, PDG d'Altice N.V.

ALAIN WEILL PROMU A LA TETE D'ALTICE EUROPE

Le rebond d'Altice contraste avec les résultats inférieurs aux attentes publiés mardi par le rival Iliad, marqués par la première perte d'abonnés fixes de son histoire et sanctionnés par une dégringolade sans précédent en Bourse.

L'opérateur fondé et contrôlé par Xavier Niel a fait les frais de la concurrence féroce sur le marché français des télécoms, qui a un temps plombé Bouygues Telecom (Bouygues), plusieurs fois l'objet de tentatives de rachat, avant que SFR ne soit à la peine.

Pour Xavier Buffon, analyste à l'agence de notation S&P, l'année 2018 promet d'être animée sur la scène des télécoms.

"Lors des années passées, lorsqu'il y en avait trois qui allaient bien, il y en avait un qui allait moins bien. C'est la première année où on va avoir les quatre (...) qui de manière agressive vont vouloir conserver leurs parts de marché", a-t-il estimé mercredi lors d'une présentation.

En incluant les autres activités du groupe au Portugal, en Israël et en République dominicaine, Altice Europe a vu son chiffre d'affaires rester stable à changes constants à 3,53 milliards d'euros tandis que son Ebitda ajusté a reculé de 0,5% à 1,3 milliard d'euros.

Le groupe a ajusté ses prévisions de flux de trésorerie libre opérationnel pour 2018 afin de tenir compte de la nouvelle norme IFRS 15, désormais attendu entre 2,3 et 2,5 milliards pour Altice Europe et entre 1,5 et 1,6 milliard pour Altice France.

Dans son communiqué, Altice précise que la scission entre Altice USA et Altice Europe devrait être effective début juin tandis que la clôture des cessions d'actifs non stratégiques - la République dominicaine et 13.000 tours en France et au Portugal - interviendra au deuxième semestre.

L'actuel PDG d'Altice France, Alain Weill prend du galon en étant nommé PDG d'Altice Europe tandis qu'Armando Pereira, un proche de Patrick Drahi actuellement responsable des activités télécoms en France, devient directeur des opérations en Europe.

(Edité par Gilles Guillaume)

par Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain

Valeurs citées dans l'article : Bouygues, Orange, Iliad