BERLIN - L'Allemagne a appelé hier ses partenaires européens à suspendre à leur tour leurs ventes d'armes à l'Arabie saoudite tant que toute la lumière n'a pas été faite sur la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul.

Après avoir nié que le journaliste exilé aux Etats-Unis avait été tué le 2 octobre à l'intérieur de son consulat à Istanbul, Ryad a fini par le reconnaître ce week-end en évoquant une "terrible erreur".

Sa disparition a en outre relancé le débat - régulier depuis le début du conflit au Yémen dans lequel l'Arabie saoudite est impliquée militairement - sur une suspension de la vente d'armes au royaume wahhabite, une demande de longue date des ONG et des défenseurs des droits de l'homme.

"Tant que ce ne sera pas résolu, il n'y aura pas d'exportations d'armes vers l'Arabie saoudite. Je vous assure très clairement de cela", a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel.

La FRANCE a botté en touche hier en vantant "sa stricte politique de contrôle" en la matière, qui repose sur une analyse au cas par cas, dans le cadre de la Commission interministérielle pour l'exportation de matériels de guerre."

WASHINGTON - Le président américain Donald Trump a déclaré hier qu'il n'était toujours pas satisfait des explications données par l'Arabie saoudite sur l'assassinat du journaliste mais qu'il ne voulait pas perdre les investissements de Ryad.

"Je ne suis pas satisfait de ce que j'ai entendu", a déclaré Donald Trump à la presse. "Je ne veux pas perdre tout cet investissement qui a été fait dans notre pays."

"Mais nous allons aller au fond des choses", a dit le président américain. Il avait fait des commentaires similaires samedi.

Plus tard, dans une interview à USA Today, il a dit qu'il pensait que le meurtre de Khashoggi était un "complot qui avait mal tourné".

Il a également déclaré hier qu'il s'était entretenu avec le prince héritier saoudien Mohamed ben Salman (MBS) et qu'il y avait des Américains en Arabie saoudite et des responsable des services de renseignements américains en Turquie qui travaillaient sur le dossier Khashoggi.

Selon une source informée, la directrice de la CIA, Gina Haspel, s'est rendue en Turquie hier dans le cadre de cette enquête.

A ISTANBUL, la justice turque recueille les témoignages de cinq autres employés du consulat général d'Arabie saoudite dans le cadre de l'enquête, rapporte lundi la chaîne de télévision turque NTV. Vingt membres du personnel du consulat ont déjà été entendus la semaine dernière par le parquet, qui veut au total entendre 45 employés du consulat, selon la chaîne CNN Türk.

A PARIS, le PDG de Total, Patrick Pouyanné, a annoncé hier qu'il participerait à la conférence sur les investissements dite "Davos du désert" qui débute aujourd'hui à Ryad.

Plusieurs dirigeants d'entreprises et hauts responsables ont renoncé à se rendre au Future Investment Summit (FII) à la suite de la disparition de Jamal Khashoggi.

"Total n'a jamais été favorable aux mesures de sanctions et d'isolement, par exemple contre la Russie, l'Iran ou le Qatar, ni aux mesures de boycott. C'est la position que j'ai exprimée à plusieurs reprises et qui a été appliquée de manière constante : le groupe a toujours considéré préférable de maintenir avec ses pays partenaires un dialogue franc et exigeant, dans lequel nous rappelons nos valeurs", déclare Patrick Pouyanné dans un communiqué.

Le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, ne se rendra pas au "Davos du désert" car il doit participer à une réunion de professionnels de l'énergie avec le président Emmanuel Macron.

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ROME - L'Italie a déclaré hier à la Commission européenne qu'elle ne modifierait pas son projet de budget, très critiqué par Bruxelles, mais a promis d'intervenir si le gouvernement ne parvient pas à atteindre ses objectifs.

Dans une lettre à la Commission, le ministre de l'Economie Giovanni Tria reconnaît que le budget pour 2019, avec un déficit de 2,4% du PIB, soit trois fois celui que visait le précédent gouvernement, n'est pas conforme au Pacte européen de stabilité.

Le gouvernement, ajoute-t-il cependant, a dû prendre "des décisions difficiles mais nécessaires" pour relancer la croissance économique, à la lumière notamment de "la situation dans laquelle se trouvent les citoyens les plus désavantagés".

Luigi Di Maio, co-vice-président du Conseil, dirigeant du Mouvement 5 Etoiles (M5S), a souligné que Rome était disposé à discuter de ses objectifs budgétaires avec les autorités européennes. Lui aussi a réaffirmé que la coalition au pouvoir n'avait aucune intention de quitter l'euro.

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WASHINGTON/TAPACHULA, Mexique - Donald Trump a déclaré hier que les milliers de migrants honduriens qui se trouvent au Mexique et veulent gagner les Etats-Unis constituait une "urgence nationale". Cette "caravane" a commencé à entrer au Mexique dimanche.

Dimanche soir, le président américain a prévenu sur Twitter que "des efforts (étaient) mis en oeuvre pour stopper le déferlement d'étrangers illégaux". Il a ajouté que les migrants devaient d'abord faire une demande d'asile au Mexique avant de déposer une requête auprès des autorités américaines.

Le gouvernement mexicain a demandé l'assistance du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) afin d'aider au traitement des demandes d'asile, ce qui pourrait contribuer à disperser la caravane et apaiser la Maison blanche.

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YAOUNDE - Le président camerounais Paul Biya, à la tête du pays depuis 1982, a remporté l'élection présidentielle du 7 octobre avec 71% des voix, a annoncé le Conseil constitutionnel.

Paul Biya, 85 ans, consolide son rang parmi les dirigeants à la plus longue longévité. Seul le président de la Guinée Equatoriale Teodoro Obiang est au pouvoir depuis plus longtemps.

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PARIS - Une semaine après les inondations meurtrières qui ont frappé le département de l'Aude, Emmanuel Macron s'est rendu hier auprès des familles des victimes et des sinistrés auxquels il a promis le déblocage d'un fonds d'au moins 80 millions d'euros et une accélération des procédures.

L'état de catastrophe naturelle, qui doit permettre une indemnisation rapide par les assureurs, a été reconnu par décret dans 126 communes du département, où de fortes intempéries ont fait 14 morts et 70 blessés dans la nuit du 14 au 15 octobre.

"On va aider pour qu'on répare au plus vite, ne vous inquiétez pas", a dit le chef de l'Etat lors d'un échange avec des habitants à Villalier après avoir rencontré - hors presse - les familles des victimes et les maires de communes concernées.

Quelques heures plus tard, à Trèbes, où six personnes sont mortes dans les crues, le chef de l'Etat a rendu hommage aux services de secours, "à la solidarité exceptionnelle" qui a permis "de sauver tant de vies" et a répondu aux critiques.

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PARIS - L'islamologue Tariq Ramadan a reconnu hier avoir eu des relations sexuelles avec deux femmes qui l'accusent de viol mais a dit aux juges chargés de l'affaire que ces relations "dominant-dominé" étaient consenties, a déclaré son avocat.

Me Emmanuel Marsigny a annoncé qu'il avait déposé une nouvelle demande de remise en liberté pour son client suisse, en détention provisoire depuis le 2 février, et qu'une plainte pour dénonciation calomnieuse et de crimes imaginaires suivrait.

Tariq Ramadan avait jusqu'à présent toujours nié avoir eu des relations sexuelles avec ses accusatrices.