(Actualisation: contexte, précisions sur les projets en cours, commentaire d'analyste et cours de Bourse)

Le géant pétrolier Total (>> Total) a revu en baisse jeudi ses prévisions d'investissements à partir de 2017, tout en relevant son objectif d'économies alors que la major reste confrontée à la faiblesse et à la volatilité des prix du pétrole.

Le PDG du groupe, Patrick Pouyanné, a indiqué lors d'une journée consacrée aux analystes et aux investisseurs qu'il poursuivrait la stratégie qui a permis à la major pétrolière de mieux résister que ses concurrentes à la chute brutale des cours du brut: réduction des investissements, amélioration de l'efficacité opérationnelle et augmentation de la production de pétrole et gaz.

Total prévoit désormais des investissements compris entre 15 milliards et 17 milliards de dollars pour la période de 2017 à 2020 "grâce à une discipline accrue et aux effets de la déflation". En début d'année, le groupe avait dit tabler sur un niveau d'investissements compris entre 17 milliards et 19 milliards de dollars dès 2017.

Pour 2016, les investissements devraient s'élever entre 18 milliards et 19 milliards de dollars, après 23 milliards de dollars réalisés en 2015.

Nouvel objectif d'économies

Parallèlement, Total a relevé son objectif d'économies à 4 milliards de dollars d'ici à 2018, contre une précédente prévision de 3 milliards pour 2017 (en cumulé par rapport à 2014).

"Nous avons confiance dans le fait d'atteindre ce nouvel objectif grâce à notre capacité à tirer parti de notre méthodologie de réductions de coûts", a indiqué Patrick Pouyanné. La plupart des économies proviendront des activités en amont, a précisé le dirigeant.

Pour cette année, Total vise des réductions de coûts supérieures à 2,4 milliards de dollars, après 1,5 milliard de dollars d'économies réalisées l'an dernier. Ces économies seront supérieures à 3 milliards de dollars en 2017.

Le géant pétrolier estime par ailleurs que sa production devrait progresser de 5% par an sur la période 2014 à 2020, alors qu'il avait fixé auparavant le calendrier à 2019. La production devrait ensuite progresser entre 1% et 2% par an au-delà de 2020.

Total a lancé cette année quatre nouveaux projets et a encore dix projets en cours de construction. Le groupe souhaite se concentrer sur les méga-projets dont les coûts de production sont moins élevés et pour lesquels les gains d'efficacité sont plus faciles à trouver, a expliqué Patrick Pouyanné. En parallèle, Total souhaite réduire son exposition à des actifs plus coûteux comme les sables bitumeux et les champs pétrolifères arrivés à maturité.

Retour sur capitaux propres supérieur à 10%

A moyen terme, le groupe entend concentrer ses efforts sur la réduction du point mort de ses activités pétrole, à la fois dans les activités en amont et en aval. Total compte aussi se développer sur l'ensemble de la chaîne de valeur du gaz et faire croître ses activités marketing et services.

Total entend aussi se renforcer dans les énergies bas-carbone pour anticiper l'impact sur le marché de l'énergie des décisions politiques pour limiter le réchauffement climatique. Dans le cadre de cette stratégie, le groupe a récemment fait l'acquisition du fabricant français de batteries Saft et de la société énergétique belge Lempiris.

"Fort d'une augmentation continue de son cash flow, le groupe s'engage à créer de la valeur pour ses actionnaires et à améliorer sa rentabilité avec un objectif de retour sur capitaux propres supérieur à 10% dans un environnement à 60 dollars le baril", a indiqué par ailleurs Total.

Si le Brent se stabilise à 60 dollars le baril en 2017, "il sera mis fin au dividende en actions avec décote", a ajouté le géant pétrolier.

Bond de près de 4% en Bourse

La révision, jeudi, des objectifs de Total est peu surprenante, alors que la plupart des analystes avaient dit s'attendre à une modification des prévisions d'investissements et d'économies. Ces annonces pourraient toutefois ravivé l'intérêt des investisseurs pour Total, dont le cours de Bourse n'a pas fait tellement mieux que celui de ses concurrents malgré de meilleures performances opérationnelles, estimaient les analystes de Macquarie dans une note publiée en début de semaine.

A la Bourse de Paris, le titre Total a clôturé jeudi en hausse de 3,7% à 43,06 euros, quand l'indice CAC 40 a progressé de 2,3%.

-Blandine Hénault et Inti Landauro, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 53; blandine.henault@wsj.com ed: ECH

Valeurs citées dans l'article : Total