La major pétrolière Total (>> Total) a annoncé mardi qu'elle échapperait aux sanctions américaines contre l'Iran en utilisant sa propre trésorerie libellée en euro pour financer le contrat remporté lundi auprès de Téhéran, le premier conclu par un groupe énergétique occidental avec la République islamique depuis la levée cette année des sanctions économiques internationales liées au programme nucléaire du pays.

"Cela confirme que nous avons une capacité de travailler avec le gouvernement iranien, et qu'il existe une confiance réciproque", a déclaré mardi matin le PDG du groupe, Patrick Pouyanné, à la presse.

Total a signé avec l'Iran un protocole d'accord pour assurer, au cours des 20 prochaines années, la phase 11 du projet South Pars, "le plus grand gisement de gaz naturel au monde", a indiqué le groupe dans un communiqué.

Total sera opérateur et actionnaire à hauteur de 50,1% de South Pars 11, aux côtés de Petropars, filiale de la compagnie nationale iranienne (NIOC), qui en possédera 19,9%, et de la compagnie nationale chinoise CNPC, qui en contrôlera 30%.

La première phase du projet - le forage d'une trentaine de puits dans le golfe Persique - nécessitera un investissement de 2 milliards de dollars. La deuxième phase, qui interviendra lorsque les puits seront en production, donnera lieu à un investissement supplémentaire de 2 milliards de dollars, a expliqué Patrick Pouyanné.

Un représentant iranien avait indiqué lundi que l'investissement nécessaire à ce projet s'élèverait à 6 milliards de dollars. Patrick Pouyanné l'estime pour sa part à 4 milliards de dollars.

Les compagnies pétrolières européennes ne reviennent qu'au compte-gouttes en Iran, qui abrite les quatrièmes réserves mondiales de brut, en raison des sanctions américaines toujours en vigueur.

Si les sanctions européennes ont été levées en janvier à la suite de l'accord sur le nucléaire conclu avec Téhéran, les sanctions américaines liées au terrorisme et aux armes sont toujours en place. Elles interdisent aux banques américaines de faire directement affaire avec l'Iran, et empêchent toute activité commerciale avec le corps des Gardiens de la révolution islamique, très impliqué dans le secteur gazier et pétrolier du pays.

Patrick Pouyanné a précisé que Total contournerait les sanctions des Etats-Unis encore en vigueur en utilisant sa propre trésorerie pour financer la part d'investissement qui lui incombe. Le gouvernement iranien paiera le groupe en condensats de gaz, que Total pourra revendre sur les marchés internationaux, sans passer par le système financier iranien.

Le dirigeant a indiqué avoir nommé un responsable qui sera chargé à plein temps de s'assurer que toutes les étapes du développement respecteront les sanctions.

La production de gaz naturel de South Pars doit démarrer en 2020. La part de Total dans ce projet représenterait environ 60.000 barils équivalent pétrole par jour.

-Inti Landauro, The Wall Street Journal (version française Emilie Palvadeau) ed : LBO

Valeurs citées dans l'article : Total