PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le spécialiste de l'énergie Total a annoncé jeudi avoir accusé une perte nette part du groupe au deuxième trimestre, du fait de la comptabilisation de dépréciations exceptionnelles d'actifs, dans un contexte de faible demande et de cours du pétrole bas en raison de la crise sanitaire.

Pour les trois mois clos le 30 juin, la major pétrolière a dégagé une perte nette part du groupe de 8,37 milliards de dollars, comparée à un bénéfice de 2,76 milliards de dollars sur la même période en 2019, a indiqué Total dans un communiqué.

Cette perte s'explique par les dépréciations exceptionnelles de la valeur de certains actifs comptabilisées au deuxième trimestre, d'un montant total de 8,1 milliards de dollars, dont 7 milliards de dollars sur ses projets dans les sables bitumineux (oil sands) au Canada.

La baisse des cours du pétrole depuis le début de l'année a conduit le groupe à réviser la valeur de ses actifs de 2,6 milliards de dollars, dont 1,5 milliard de dollars pour ses activités dans les sables bitumineux canadiens et 0,8 milliard de dollars pour ses projets de GNL en Australie.

Le groupe a par ailleurs passé en revue ses actifs dont les réserves risquent de ne pas pouvoir être produites avant 2050 compte tenu de l'importance de ces réserves et de coûts de production élevés. Cette réévaluation se traduit par une dépréciation supplémentaire de 5,5 milliards de dollars sur les projets canadiens de Fort Hills et Surmont.

Le bénéfice net ajusté chute à 126 millions de dollars

Le bénéfice net ajusté, qui exclut l'effet de stock après impôt, les éléments non récurrents et les effets des variations de juste valeur, a fortement reculé pour atteindre 126 millions de dollars au deuxième trimestre, contre 2,89 milliards de dollars un an plus tôt. Le résultat net ajusté, qui exclut certains éléments comme les stocks de pétrole et des participations financières, est très suivi par les opérateurs de marché.

Selon un consensus réalisé par FactSet, les analystes tablaient en moyenne sur une perte nette ajustée de 392 millions de dollars.

Le résultat opérationnel ajusté du groupe est ressorti à 821 millions de dollars, contre 3,59 milliards de dollars au deuxième trimestre de 2019. La principale division de Total, l'exploration-production, a accusé une perte opérationnelle ajustée de 209 millions de dollars au deuxième trimestre, contre un bénéfice de 2,02 milliards de dollars un an plus tôt.

Le groupe a fait face au deuxième trimestre à "des circonstances tout à fait exceptionnelles : la crise sanitaire du Covid-19 qui affecte l'économie mondiale et la crise des marchés pétroliers avec un prix du Brent en très forte baisse à 30 dollars du baril en moyenne, des prix du gaz historiquement faibles et des marges de raffinage très dégradées compte tenu de la chute de la demande", a résumé le PDG de Total, Patrick Pouyanné, cité dans le communiqué du groupe.

La dette nette de Total s'établissait à 39,38 milliards de dollars à la fin juin, contre 38,24 milliards de dollars fin mars et 31,01 milliards de dollars fin juin 2019. Le ratio dette nette sur capital s'affichait ainsi à 27,6% au 30 juin, contre 25% trois mois auparavant et 20,6% fin juin 2019.

Production en baisse de 4% au deuxième trimestre

La production d'hydrocarbures de Total a atteint 2,85 millions de barils équivalent pétrole (BEP) par jour au deuxième trimestre, en baisse de 4% sur un an. La production de Total a été réduite de près de 100.000 BEP par jour, du fait de la discipline avec laquelle les divers pays membres de l'Opep+, qui regroupe l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et dix Etats alliés menés par la Russie, mettent en oeuvre les quotas mis en place dans le cadre de leur accord de réduction de la production de pétrole.

Dans ce contexte, Total a abaissé son objectif de production pour l'année 2020, tablant sur une production comprise entre 2,9 millions et 2,95 millions de BEP par jour. Lors de la présentation de ses résultats du premier trimestre, Total avait annoncé tabler sur une production comprise entre 2,95 millions et 3 millions de BEP par jour. A l'occasion de l'assemblée générale du groupe tenue fin mai, Patrick Pouyanné avait déclaré que Total anticipait à ce stade une production de l'ordre de 2,95 millions de BEP par jour en 2020.

Par ailleurs, Total a indiqué que les investissements dans l'électricité bas carbone seraient proches de 2 milliards de dollars et représenteraient près de 15% des dépenses d'investissement en 2020. Lors de la publication de ses résultats du premier trimestre, le groupe comptait investir entre 1,5 milliard et 2 milliards de dollars dans l'électricité bas carbone cette année.

Le conseil d'administration de Total a maintenu le versement du deuxième acompte sur dividende au titre de l'année 2020 à 0,66 euro par action.

-Alice Doré, Agefi-Dow Jones ; +33 (0)1 41 27 47 90 ; adore@agefi.fr ed : VLV

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