Un ralentissement était attendu, compte tenu du tassement de la croissance mondiale et de la forte dégradation de la conjoncture en Europe, plombée par la crise.

Mais le fabricant des célèbres sacs Birkin et "carrés" de soie a fait mieux que prévu grâce à une performance extrêmement solide en Asie (hors Japon), où ses ventes ont encore bondi de 27% (après 24,6% au premier trimestre).

Alors que le tassement de l'économie chinoise nourrit les inquiétudes sur la croissance du secteur du luxe, le gérant d'Hermès a déclaré à Reuters qu'il ne percevait, à ce jour "aucun ralentissement de la demande dans le pays", qui compte pour 21% des ventes du groupe.

Le groupe a publié un chiffre d'affaires de 814,5 millions d'euros, progressant de 21,9% en données publiées et de 13,4% à changes constants (au lieu des 12,7% attendus par les analystes) et s'inscrivant en retrait par rapport aux 17,6% du premier trimestre 2012 et aux 21,8% au deuxième trimestre 2011.

En revanche, dans une Europe aux prises avec la crise de la dette, la dynamique a décéléré, avec une croissance organique de 16,4% (+21,2% au 1er trimestre) et en France, elle a reculé à 6,8% (contre 10,1%). Mais avec des bases de comparaisons particulièrement élevées l'an dernier (+22% pour la France et +19% pour l'Europe), Hermès confirme encore, aux dires des analystes, sa capacité de résistance.

Aux Etats-Unis, la cadence a également ralenti, à 8,2% (contre 9,4%), mais la demande reste intacte, aux dires de Patrick Thomas, qui a indiqué qu'Hermès avait "vendu ce qu'il avait pu livrer".

Au Japon, les ventes ont à nouveau basculé en terrain négatif et reculé de 1,1% (après +3,2%).

CHIFFRES JUGÉS TRES SOLIDES

Ces chiffres jugés très solides dans un contexte économique dégradé, ont été salués en Bourse. Le titre Hermès prenait 2,7% à 236,00 euros, malgré des multiples de valorisation extrêmement élevés, dans un marché en hausse de 0,5%.

"La vraie bonne surprise vient d'Asie, avec une nette accélération malgré une base de comparaison difficile", commente Thomas Mesmin, analyste de CA Cheuvreux, pour qui le ralentissement aux Etats-Unis fait écho au récent message de prudence lancé par Burberry.

Dans la maroquinerie, division phare du groupe qui compte pour près de 50% de ses ventes, la croissance interne a fléchi à 7,4%, une baisse qui s'explique, selon Patrick Thomas, par les "ponts" du mois de mai qui ont impacté la production des manufactures françaises.

"Nous vendons ce que nous livrons et en mai, la fabrication a été très faible", a-t-il dit.

Toutes les autres grandes divisions ont signé des hausses à deux chiffres, notamment les vêtement et accessoires (+22%) et la soie et textile (+15,8%).

Pour l'exercice 2012, Hermès maintient son objectif - jugé prudent par les analystes et régulièrement dépassé ces dernières années - de croissance de 10% à changes constants.

Il réitère également sa prévision de marge opérationnelle courante comprise entre celle de 2010 (27,8%) et le record historique atteint en 2011 (31,2%).

Totalement décorrélés du secteur, les multiples de valorisation d'Hermès atteignent 37,5 fois les bénéfices estimés pour 2012, contre 16,3 fois pour LVMH, qui détient 22,3% du capital du groupe, ou 17,4 fois pour le suisse Richemont, propriétaire de Cartier et Van Cleef & Arpels.

Edité par Matthieu Protard

par Pascale Denis