Christian Sewing a tenu ces propos au début de l'assemblée générale de la première banque allemande, qui devrait être agitée par les questions entourant sa stratégie et sa gouvernance alors que l'action a touché jeudi un plus bas record à la Bourse de Francfort.

Le titre, qui a perdu 38% depuis la précédente AG, lâchait plus de 3% à 6,41 euros en milieu de journée à la Bourse de Francfort.

La semaine dernière, de grands investisseurs ont appelé Deutsche Bank à réduire sa division internationale de banque d'investissement.

"Nous allons accélérer la transformation en concentrant notre banque sur des activités rentables et en croissance, particulièrement pertinentes pour nos clients", a dit Christian Sewing.

"Nous sommes prêts à procéder à des réductions drastiques", a-t-il ajouté.

En difficulté, la division actions, essentiellement présente à New York et à Londres et dont la voilure a déjà été fortement réduite l'an dernier, est dans le viseur de la direction, a déclaré une source au fait de la situation. Elle a ajouté que l'activité de courtage dédiée aux fonds spéculatifs était également ciblée.

La banque a enchaîné les revers ces dernières années, marquées par les remaniements au sein de son équipe de direction, des dégradations de sa note de crédit et l'échec de sa filiale aux Etats-Unis lors des tests de résistance conduits par la Réserve fédérale. Elle a enregistré en 2018 son premier bénéfice annuel depuis quatre ans.

PRESSION SUR LA DIRECTION

Début mai, les cabinets de conseil aux investisseurs ISS et Glass Lewis ont invité les actionnaires à un vote de défiance contre la direction.

L'échec récent des discussions avec Commerzbank en vue d'une fusion a aussi accentué la pression sur les dirigeants de la première banque d'Allemagne.

Des actionnaires importants ont réclamé la semaine dernière un plan de succession pour le poste de président du conseil de surveillance occupé par Paul Achleitner. Le mandat de ce dernier expire en 2022.

Un investisseur influent a obtenu l'ajout à l'ordre du jour de l'AG d'un vote sur l'éviction de Paul Achleitner en dénonçant le fait que la banque "reste enfermée dans une spirale qui la tire vers le bas". Le conseil de surveillance a publié un communiqué de soutien à son président.

Dans un entretien publié jeudi par Börsen-Zeitung, la banque a tenté d'anticiper les critiques.

Deutsche Bank restera aux Etats-Unis, où la banque d'investissement opère principalement, a ainsi déclaré le directeur financier James von Moltke au journal allemand.

Elle réfléchit toutefois régulièrement à des pistes alternatives pour stimuler la croissance et réduire les coûts au sein de cette activité, ajoute-t-il.

Lors de l'AG, Christian Sewing a aussi déclaré que Deutsche Bank voulait faire de sa filiale DWS l'un des dix premiers acteurs mondiaux de la gestion d'actifs. La banque reste ouverte à toutes les options stratégiques, autres que la croissance organique, concernant DWS, a-t-il dit.

Reuters a rapporté lundi qu'Amundi, filiale de Crédit agricole, étudiait la possibilité d'une fusion avec DWS à condition d'avoir le contrôle du nouvel ensemble.

(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par Tom Sims