La proposition, visée par la direction du groupe de Paul Desmarais, émane du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (Medac), une association créée en 1995 dans le but « d'offrir aux petits actionnaires tout à la fois une possibilité de se faire entendre et un espace d'échange, d'information et de défense de leur cause ». Le Medac avait réussi à faire adopter une proposition semblable dans huit grands groupes canadiens, dont la Banque Laurentienne, la Banque Nationale et BCE.

La réponse de Power Corporation se veut courtoise, mais ferme. « Le conseil est d'avis que les administrateurs et le comité de rémunération Power Corporation sont les mieux placés pour surveiller les conditions de rémunération des hauts dirigeants de la société », lit-on dans le document.

« Les politiques à cet égard sont de plus en plus complexes et plusieurs facteurs doivent être pris en considération. Le comité de rémunération, qui se compose entièrement d'administrateurs indépendants, [...] et bénéficie des conseils de spécialistes externes et de l'expérience pertinente de ses membres, ce qui lui permet de prendre des décisions appropriées ».

Le Medac dénonce « une distorsion de la démocratie actionnariale ».

Le Medac déplore cette recommandation. « Nous nous attendions à cette décision, indique Normand Caron, coordonateur de l'association. C'est que la structure de l'actionnariat chez Power Corporation permet aux Desmarais de détenir une majorité des votes grâce à des actions à vote multiple ».

Dans l'hypothèse où tous les actionnaires détenant des actions à vote simple se prononçaient pour la proposition, elle serait tout de même rejetée puisque la majorité des votes est liée aux actions à votes multiples. « C'est une distorsion de la démocratie actionnariale », accuse Normand Caron.

Pour la Financière Power, principale filiale de Power Corporation, la question prend tout son sens au regard de la rémunération totale des sept plus hauts dirigeants : celle-ci a atteint 36,7 millions de dollars canadiens l'an dernier. La rémunération totale des cinq plus hauts dirigeants de la maison mère a atteint près de 16 millions pour l'exercice 2008.

Les frères Desmarais, qui dirigent conjointement Power Corporation, ont encaissé les deux tiers de cette somme. La rémunération de Paul Desmarais fils, également président du conseil, a atteint 5,2 millions de dollars. Son frère André a de son côté encaissé un peu plus de 5 millions.