PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les mesures de confinement prises pour lutter contre la pandémie de coronavirus ont un fort impact sur la production de l'équipementier aéronautique et motoriste Safran, a expliqué vendredi son directeur général, Philippe Petitcolin.

Sur les 270 sites que compte Safran, 25 étaient fermés jeudi. En France, environ 10% de ses effectifs travaillent sur ses sites et ses bureaux d'études, 30% sont en télétravail et 60% ont pris des congés ou ont été mis en chômage partiel, a indiqué Philippe Petitcolin lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

"Nous avons du mal à faire venir nos collaborateurs dans nos usines, nos bureaux d'études et nos sièges", a expliqué le directeur général du groupe. Philippe Petitcolin a constaté une "peur de venir travailler" parmi les collaborateurs, qu'il a assuré comprendre. "L'Etat d'esprit des personnels de Safran est remarquable et je ne désespère pas d'augmenter la quantité de personnes" travaillant sur des sites du groupe, a-t-il ajouté.

Les fournisseurs de Safran ne sont pas épargnés, plusieurs étant à l'arrêt, notamment "des petits fournisseurs pour qui les périodes de pause se situent entre deux et quatre semaines", a souligné son dirigeant.

Néanmoins, le groupe ne compte pas demander d'aide spécifique à l'Etat français, a assuré Philippe Petitcolin, jugeant "appropriées" l'ensemble des mesures et d'aides déjà annoncées par le gouvernement. Pour ces mêmes raisons, le directeur général du groupe a écarté la possibilité d'effectuer des licenciements en France.

Une baisse de revenus d'environ 5% au premier trimestre

Au niveau de l'activité du groupe, Philippe Petitcolin a indiqué que le chiffre d'affaires de Safran devrait enregistrer un repli d'environ 5% au premier trimestre 2020, le groupe n'ayant pas été très pénalisé par la crise sanitaire en janvier et février ainsi que durant la première quinzaine de mars.

Mais depuis le 15 mars, Safran constaté une baisse des prises de commandes dans les activités d'après-vente -- livraisons de pièces de rechange, maintenance, réparation, révision -- très importantes pour les marges de l'entreprise. Philippe Petitcolin a expliqué anticiper une baisse de "30 à 35%" de ces activités "dans les semaines à venir par rapport à ce que nous avions budgété".

Pour autant, l'accord entre Boeing et Safran au sujet du 737 Max "n'est à ce jour pas remis en cause", a assuré Philippe Petitcolin. Cet accord prévoit la fourniture d'une dizaine de moteurs par semaine par CFM International, la coentreprise entre Safran et l'américain General Electric, à Boeing, ainsi que le paiement d'une partie des prix des moteurs. De même, Philippe Petitcolin a assuré n'avoir eu aucune discussion avec Airbus au sujet d'une possible réduction voire d'une annulation des livraisons de moteurs pour la famille d'avions A320.

La crise sanitaire a contraint Safran à annoncer jeudi soir que le groupe renonçait à ses objectifs pour 2020 ainsi qu'à son dividende au titre de 2019, qui aurait réprésenté un décaissement d'un milliard d'euros. Le groupe a également intensifié ses mesures d'économies, notamment au niveau des dépenses de R&D, et a mis en place une nouvelle ligne de crédit de 3 milliards d'euros qui s'ajoute à une précédente ligne non tirée de 2,52 milliards d'euros.

Dans une note publiée vendredi, Oddo BHF, estime que Safran disposerait au total de liquidités de 11,3 milliards d'euros. "Nous considérons que la position de liquidité [de Safran] reste confortable pour faire face à cette crise", a écrit l'intermédiaire financier.

A la Bourse de Paris, l'action Safran perd 2% vers 13h15, à 90 euros, alors que le CAC 40 perd 4,5%.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH

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