Suez a annoncé jeudi soutenir le projet du fonds français Ardian de bâtir une contre-offre pour la participation d'Engie à son capital bien que la proposition de son rival Veolia ait franchi une étape clef mercredi soir en obtenant un feu vert sous condition de l'énergéticien.

Le conseil d'administration d'Engie a favorablement accueilli l'offre améliorée de rachat par Veolia de l'essentiel de sa participation dans Suez tout en obtenant que sa durée de validité soit prolongée de cinq jours.

Le président d'Engie Jean-Pierre Clamadieu a déclaré à des journalistes vouloir mettre à profit cette période pour tenter de convaincre Suez - jusque-là farouchement hostile au projet - de venir à la table des discussions.

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui a appelé à de nombreuses reprises à une solution amicale entre les deux groupes, a salué jeudi matin une avancée.

"Je vois que les chose bougent", a-t-il dit lors d'un colloque.

"C'est bien la preuve que lorsque l'Etat fait valoir ses positions les choses bougent, et bougent dans la bonne direction".

En dépit des appels au dialogue, Suez a annoncé jeudi dans un communiqué soutenir un projet d'offre alternative emmené par le fonds d'investissement français Ardian.

Ce dernier dit vouloir bâtir "un consortium d'investisseurs institutionnels privés et publics, à dominante française" afin d'acquérir 29,9% des 32% détenus par Engie dans Suez, soit un pourcentage identique à celui visé par Veolia.

TROP TARD ?

"Le Conseil d'administration de SUEZ confirme son soutien, ainsi que ses actionnaires salariés, à la lettre d'intention d'Ardian (...)", déclare Suez, précisant que le rachat de la part d'Engie serait "suivie immédiatement d'une offre publique en numéraire pour l'ensemble des actionnaires de Suez, dans les mêmes conditions de traitement".

Suez ajoute vouloir "travailler activement dans ce cadre, dans un esprit de dialogue ouvert recommandé par le Ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance".

L'annonce de ce contre-projet intervient alors que le président d'Engie semblait avoir déjà sifflé la fin de la partie mercredi soir, en déclarant que "le temps d'une offre alternative est passé".

Suez, avait-il alors précisé, a remis mercredi à Engie "une vague marque d'intérêt", "très tardive", ne contenant ni de prix, ni le consortium d'investisseurs au nom duquel elle était exprimée, ni les conditions d'exécution.

Dans un entretien au Figaro publié jeudi, Jean-Pierre Clamadieu a dit sa conviction qu'il existait un espace de discussion possible avec le président de Suez Philippe Varin.

"J'ai eu un échange avec Philippe Varin avant le conseil d'administration. Il m'a dit être prêt à s'engager dans une discussion de bonne foi avec Antoine Frérot afin de trouver les voies d'un accord d'ici à lundi", a-t-il expliqué, sans citer le directeur général du groupe Bertrand Camus.

(Leigh Thomas, Henri-Pierre André, Sarah White, Gwénaëlle Barzic, Benjamin Mallet, édité par Blandine Hénault)