Mais de quoi s'agit-il ? C'est bien simple, il suffit de laisser parler Richard Branson. Après avoir racheté CircleLending, Sir Richard l'a rebaptisé Virgin Money US.

La recette de Tante Joyce

Sur le site Internet de la société, il a mis en ligne une lettre qui commence ainsi : « Quand je me suis lancé dans l'industrie du disque, ma tante Joyce fut assez aimable pour me prêter un peu d'argent. Ce prêt a permis de maintenir mon studio d'enregistrement Virgin Records à flots. Il m'a donné le temps et les ressources dont j'avais besoin pour transformer mon affaire en réussite ».

Et lui de poursuivre : « bien des années plus tard, je lui dois toujours des remerciements ». C'est pour cette raison qu'il affirme que « les prêts familiaux et amicaux [lui] tiennent particulièrement à coeur ».


Car c'est là l'activité de CircleLending, sorte de réseau social en ligne où ceux qui veulent prêter de l'argent peuvent rencontrer ceux qui cherchent un financement. « Avec de l'argent provenant de la famille et des amis, vous pouvez déterminer le taux d'intérêt et les conditions de crédit qui correspondent à votre situation », indique Virgin Money US. A commencer par la famille et les amis, où les prêts informels sont nombreux.

Le « MySpace » de la banque

En tant qu'intermédiaire, Virgin Money US apporte l'expérience de ses gestionnaires de crédit pour formaliser correctement les dossiers. Mais il n'apporte pas l'argent, à la différence des banques ou des marchés de capitaux. Il se contente de mettre en relation offreurs et demandeurs, comme le ferait un « MySpace du crédit » : tout cela passe par le site Internet de Virgin Money US.

Quand Branson a racheté CircleLending, la société avait déjà six ans d'existence : son modèle économique lui avait donc permis de tenir jusque-là. D'origine britannique, Zopa propose les mêmes services au Royaume-Uni depuis 2005 et vient d'ouvrir une filiale aux Etats-Unis.

Kiva, de son côté, est une société de micro-crédit à destination des pays en développement, avec une particularité : les gens qui apportent de l'argent à prêter participent au choix des projets qu'ils aideront à financer. Et pour faire se rencontrer des offreurs et des demandeurs de crédit qui ne se connaissent pas forcément, rien de tel que des pages sur Internet.

Une banque à visage humain

Virgin Money US utilise le même filon pour aider et organiser une pratique vieille comme le monde : les prêts d'argent intra-familiaux, ou entre amis, pour financer des projets, des coups durs, etc.

Et cela est-il financièrement tenable ? Au Royaume-Uni, Zopa indique que le taux de défaut de paiement – quand les emprunteurs n'honorent pas leurs échéances – est proche de zéro. Chez Prosper.com, il serait de moins de 3%, soit non loin de la moyenne des grandes banques commerciales traditionnelles. Enfin, des grandes banques commerciales non touchées par la crise des « subprimes »... Le montant des prêts est souvent peu élevé, et les débiteurs honorent donc leurs obligations.

Virgin Money US propose une vaste gamme de financements : des prêts personnels – des prêts étudiants seraient à l'étude -, des prêts aux petites entreprises, et même des prêts immobiliers. Alors que les banques classiques durcissent leurs conditions de crédit, ces banques « peer to peer » connaissent une forte augmentation du nombre de demandes de crédit.

Chez Kiva, par exemple, le prêt moyen est de 600$, et l'encours total de crédit frise déjà les 17 millions de dollars. La demande est donc bien là !