« Virgin Atlantic est une entreprise solide et indépendante, dotée de solides possibilités de croissance sur les aéroports londoniens de Heathrow et Gatwick. Nous ne sommes donc pas surpris de susciter un tel intérêt ». Le communiqué de Virgin Atlantic est sans ambiguïté : il officialise les convoitises d’Air France et de Delta.

Ces dernières, membres de l’alliance commerciale Skyteam, ont même mandaté une banque conseil, Goldman Sachs, pour les aider à concrétiser une opération qui ferait sens. L’année dernière, la compagnie de Richard Branson s’est en effet trouvée court-circuitée par la naissance d’une nouvelle alliance, exclusivement transatlantique, regroupant British Airways, Iberia et American Airlines, et excluant Virgin Atlantic.

Furieux, notre baron avait à l’époque fustigé ce qu’il considérait comme « un monopole monstre » sur les liaisons entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Skyteam, flairant la bonne affaire constituée par l’implantation de Virgin dans les deux principaux aéroports londoniens, verrait d’un très bon œil l’intégration de la compagnie de Richard Branson.

Ce serait aussi le cas d’Etihad, compagnie dirigée par la famille régnante d’Abu Dhabi, conseillée sur ce dossier par Bank of America/Merrill Lynch. L’émirat serait particulièrement intéressé par une prise de position en Europe, notamment sur les très lucratives liaisons transatlantiques, les plus fréquentées au monde.

Un quatrième larron doit également être considéré : Singapore Airlines, qui détient 49% de Virgin Atlantic. Pour cette compagnie, membre de Star Alliance, vendre ses parts n’est rien d’autre qu’une question de prix. Si Air France-Delta ou Etihad proposent une somme suffisante, Singapore ne s’opposera pas à l’opération.

Reste à savoir ce qu’en pense Richard Branson, sachant que les 51% qu’il possède dans Virgin Atlantic sont valorisés entre 500 millions et 1 milliard de livres. Il y a manifestement une marge certaine pour faire monter les enchères, mais Richard Branson a de toute façon fait son choix : s’il veut lutter à armes égales face à British Airways, il doit adosser sa compagnie à une alliance concurrente.