Les Peugeot, qui détiennent aujourd'hui 12,23% de PSA, verront leurs parts réduites à un peu plus de 6% dans le nouvel ensemble issu de la fusion, qui aura pour premier actionnaire la famille Agnelli, principal actionnaire de FCA via sa holding Exor.

"PSA ne pouvait pas rester indéfiniment fort en Europe et faible ailleurs. FCA aussi devait bouger", explique Robert Peugeot, président de la holding familiale FFP, dans l'entretien diffusé jeudi sur le site des Echos. "Il y a eu d'autres tentatives par le passé, mais là, les planètes étaient alignées".

L'un des enjeux clefs pour la réussite de la fusion résidera dans l'équilibre entre la France, l'Italie et les Etats-Unis, et entre les actionnaires historiques de PSA et de Fiat.

Au conseil d'administration du futur groupe, cinq administrateurs seront nommés par FCA - dont le président de la nouvelle entité John Elkann, actuel président de FCA - cinq par PSA, tandis que le onzième sera Carlos Tavares, actuel président du directoire de PSA.

Du côté français, le onzième siège est considéré comme favorisant PSA alors que du côté italien, on estime que la présence de Carlos Tavares au conseil d'administration ne change pas l'équilibre fondamental à 50-50 de la fusion.

Des sources proches du dossier ont indiqué la semaine dernière à Reuters que la famille Peugeot et BPI avaient demandé une clarification des règles de gouvernance au cas où Carlos Tavares ne serait pas en mesure de conserver sa fonction de directeur général du nouveau groupe, et sur l'équilibre au-delà de son futur mandat de cinq ans comme CEO.

UNE RÉPONSE RAPIDE SUR L'APRÈS-TAVARES

"Le conseil de la nouvelle société, comme d'ailleurs celui de PSA aujourd'hui, aura à coeur d'apporter rapidement une réponse, « enfermée dans un coffre », à la succession de Carlos Tavares", explique Robert Peugeot, en réponse à une question sur l'après-Tavares.

La présidence du comité des nominations reviendra à la partie française, soulignent en outre les représentants de la famille Peugeot.

Au tour de table du futur quatrième constructeur mondial, les intérêts français seront également représentés par bpiFrance, arrivée en 2014 lors du sauvetage financier de PSA.

La banque publique, qui verra aussi sa participation tomber à 6% environ à l'issue de l'opération, a vocation à rester "durablement" au capital de la nouvelle entité, a déclaré son directeur général Nicolas Dufourcq, un peu plus tôt dans la journée sur BFM Business.

Elle aura toutefois la possibilité de réduire sa position tout en conservant un siège au conseil d'administration du nouvel ensemble si elle se maintient au-dessus des 5%.

"Nous pouvons (donc) vendre un tout petit peu pour réinvestir dans d'autres grandes entreprises françaises tout en gardant un siège durablement", a déclaré Nicolas Dufourcq.

C'est cette règle qui a conduit le chinois Dongfeng à décider la vente de 30,7 millions de ses actions PSA au constructeur automobile. Sa participation dans la nouvelle entité tombera ainsi sous les 5%, le privant d'un administrateur dont la présence aurait pu gêner un feu vert américain à la fusion.

(Gilles Guillaume et Gwénaëlle Barzic, édité par Sophie Louet)