Boris Berezovski, alias « le parrain du Kremlin » du fait de son influence passée sur Boris Eltsine, avait porté plainte en avril contre son ex-associé Roman Abramovitch. Il lui réclamait deux milliards de livres (2,5 milliards d'euros), l'accusant de l'avoir forcé à céder ses parts dans la chaîne de télévision ORT, dans la compagnie pétrolière Sibneft et dans la compagnie d'aluminium Rusal (ex Rousski Alumini) pour un prix sous-évalué.

Rappelons que la rencontre de Boris Berezovski avait été un élément déterminant dans la carrière d'Abramovitch. Leur entraide et les contacts de Berezovski dans les hautes sphères les avaient propulsé parmi les plus grosses fortunes russes, notamment en obtenant des facilités législatives qui leur permirent de profiter grandement de la Perestroïka (restructuration de l'URSS), par exemple en obtenant l'autorisation de Boris Eltsine de créer la compagnie Sibneft.

En contre-attaque de l'accusation de Berezovski, Abramovitch a choisi de rendre publiques les transactions et accords passés avec lui et également avec le géorgien Badri Patarkatsichvili. Les deux hommes lui auraient « réclamé des sommes importantes pour l'aider à sortir de l'obscurité ».

« En échange de l'accord du défendeur à fournir à M. Berezovski les fonds dont il avait besoin pour la trésorerie d'ORT, M. Berezovski a accepté d'utiliser son influence personnelle et politique pour soutenir le projet (d'Abramovitch) et aider à franchir les étapes législatives nécessaires à la création de Sibneft » en 1995. Taille de la transaction : 175 millions de dollars.

Rebelote en 2001 avec une demande d'1,3 milliards de dollars : « Le défendeur a accepté de payer cette somme partant du postulat qu'il s'agirait de la dernière demande de paiement émanant de M. Berezovski et que lui et M. Patarkatsichvili arrêteraient de s'associer publiquement avec lui et avec ses intérêts dans les affaires ».

Abramovitch payait pour des avantages législatifs, mais également pour sa protection. Le marché de l'aluminium notamment avait occasionné une guerre de mafia faisant plus de 100 morts, et comme il s'y intéressait, il avait donc remis 500 millions de dollars à Patarkatsichvili pour sa sécurité.

Les bouleversements économiques de la fin de l'URSS furent une opportunité pour Abramovitch mais les comptes continuent de se régler. C'est ainsi qu'Abramovitch fut parachuté avant 40 ans parmi les plus grandes fortunes mondiales, très jeune par rapport à la moyenne d'âge avoisinant la soixantaine du classement Forbes… et que Patarkatsichvili mourut d'une crise cardiaque jugée douteuse par les autorités britanniques, au début de l'année.