Le groupe de Rupert Murdoch, qui tente depuis décembre 2016 de racheter le numéro un européen de la télévision payante dont il détient déjà 39%, a relevé sa proposition à 14 livres par action au lieu de 10,75 précédemment, soit 12% de plus que l'offre de Comcast qui est à 12,50 livres.

Ce prix reste inférieur au cours de Bourse de Sky, qui cède mercredi 0,8% à 14,89 livres à la Bourse de Londres, ouvrant la voie à une nouvelle surenchère selon les analystes.

"C'est positif pour les actionnaires et Comcast donnera probablement suite avec une nouvelle offre", juge la consultante Claire Enders.

La bataille pour Sky participe des grandes manoeuvres en cours dans l'industrie mondiale du divertissement et de la télévision, les grands groupes traditionnels cherchant la parade face à la concurrence nouvelle de Netflix et d'Amazon.

Comcast, propriétaire de NBC et d'Universal Pictures, est aussi engagé dans un bras de fer avec Walt Disney pour le rachat de la plupart des actifs de Fox, dont sa participation de 39% dans Sky. Le montant en jeu dépasse dans ce cas les 70 milliards de dollars (près de 60 milliards d'euros).

Sky, reçu par 23 millions de foyers en Europe, est devenu un actif de choix grâce à ses contenus et à sa relation directe avec les clients. "Cette transaction permettra à Sky de rester compétitive dans un environnement qui comprend maintenant certains des plus grands groupes du monde", a souligné Fox.

UNE SÉRIE À REBONDISSEMENTS

La nouvelle offre du groupe américain, qui a reçu l'assentiment du comité indépendant de Sky chargé d'évaluer les propositions de reprise, valorise le groupe britannique 21 fois son bénéfice net de 2017 et représente une prime de 82% par rapport à son cours de Bourse en décembre 2016, avant la première approche.

Disney sera tenu, s'il réussit à acquérir les actifs de Fox, de proposer le même prix pour le solde de Sky. Selon certains actionnaires, cela implique un plancher plus élevé pour le cours de Bourse de Sky.

Plusieurs fonds spéculatifs, dont Elliott Management, sont entrés au capital de Sky ces derniers mois et des actionnaires existants comme Crispin Odey ont demandé que les administrateurs indépendants négocient un prix plus intéressant.

"La course pour le contrôle de Sky offre une intrigue digne d'une série en prime time", commente George Salmon, analyste chez Hargeaves Lansdown. "Le retour de Fox n'est pas une surprise en soi mais le fait que le montant proposé soit un peu inférieur à ce qui était anticipé constitue un nouveau rebondissement. Cela pourrait bien inciter Comcast à revenir à la charge."

Fox a fait valoir que les bonnes performances de Sky depuis décembre 2016 et le fait que le diffuseur ait pu conserver les droits de retransmission de la Premier League, le championnat de football anglais, à un prix moins élévé que prévu justifiaient le relèvement de son offre.

Après une longue enquête, le gouvernement s'apprête à avaliser cette semaine l'offre de Fox sur Sky.

Pour amadouer les autorités, le groupe américain s'est notamment engagé à vendre Sky News, la chaîne d'information en continu de Sky, afin d'éviter une concentration de pouvoirs dans les mains de Rupert Murdoch, déjà propriétaire des journaux The Sun et The Times.

Fox, dirigé par James Murdoch, le fils de Rupert qui est aussi le président de Sky, s'est parallèlement engagé à investir fortement dans la production de contenus au Royaume-Uni et à défendre l'indépendance de Sky News.

(Véronique Tison pour le service français)

par Paul Sandle et Kate Holton