* Une prime de 36% par rapport à la clôture de jeudi

* Sky est valorisé environ £18,5 milliards

* La faiblesse de la livre et la baisse du cours de Sky ont joué

* Une première tentative avait échoué il y a cinq ans (Actualisé avec précision, réaction, cours de clôture de Twenty-First Century Fox)

par Jessica Toonkel, Kate Holton et Pamela Barbaglia

9 décembre (Reuters) - Twenty-First Century Fox, vaisseau amiral de l'empire de Rupert Murdoch, a conclu un accord provisoire sur le rachat des parts du capital du britannique Sky qu'il ne possède pas encore pour environ 14 milliards de dollars (13,3 milliards d'euros), cinq ans après une première tentative avortée.

La nouvelle offre, approuvée par les administrateurs indépendants de Sky, permettrait en cas de succès de renforcer la position de James Murdoch, fils du magnat âgé de 85 ans, qui est déjà directeur général de Fox et président du conseil d'administration de Sky.

Fox, qui détient pour l'instant 39,1% du capital de Sky, a vu une double opportunité dans la baisse de la livre sterling (elle a perdu environ 14% face au dollar en moins de six mois) et la chute du cours de Bourse de Sky, explique-t-on de plusieurs sources proches du dossier.

Monter à 100% permettrait à Fox, qui possède de multiples chaînes dont Fox News, de contrôler totalement un réseau de télévision payante regroupant 22 millions de foyers en Grande-Bretagne, en Irlande, en Allemagne, en Autriche et en Italie.

Il s'agirait du dernier épisode en date de la phase de concentration que traverse actuellement le secteur des médias, marquée ces derniers mois par l'annonce du rachat de Time Warner par l'opérateur de télécommunications AT&T pour 85,4 milliards de dollars.

"Fox a toujours considéré que sa participation de 39% dans Sky ne représentait pas une situation logique et cela fait longtemps qu'il essaie d'en prendre le contrôle", a dit une personne proche de l'opération.

"Le moment était idéal. Avec la faiblesse de la livre (et du cours de Bourse), Sky est 40% moins cher et le gouvernement est favorable à pratiquement n'importe quel investissement en Grande-Bretagne."

LE BREXIT A JOUÉ EN FAVEUR DE FOX

La précédente tentative de Rupert Murdoch de racheter Sky, en 2011, alors via News Corp, avait suscité des protestations dans les milieux politiques britanniques, certains responsables jugeant que l'opération aurait assuré au milliardaire propriétaire du Sun et du Times une position exagérée dans le paysage médiatique britannique.

News Corp avait dû renoncer après le scandale des écoutes illégales pratiquées par certains des journaux du groupe, qui s'était soldé par un procès retentissant et la fermeture du "tabloid" News of the World".

Pour les analystes de Liberum, la nouvelle tentative a plus de chances d'aboutir, en partie parce que News Corp est aujourd'hui séparé de Fox, donc que l'acheteur n'est plus propriétaire de journaux britanniques, et parce qu'il n'y a plus de problèmes de concurrence.

Ils ajoutent que le gouvernement britannique sera sans doute enclin à encourager les investissements étrangers en Grande-Bretagne dans le contexte de la sortie annoncée du pays de l'Union européenne.

L'offre de Fox, à 10,75 livres (12,82 euros) par action en numéraire, représente une prime de 36,2% sur le cours de clôture de Sky jeudi, et valorise le britannique 18,48 milliards de livres (22,04 milliards d'euros).

Fox versera 11,25 milliards de livres (13,43 milliards d'euros) pour la part du capital de Sky qu'il ne détient pas déjà, selon les calculs de Reuters.

A la Bourse de Londres, l'action Sky a fini sur un gain de 26,7% à 10,02 livres tandis qu'à Wall Street, 21st Century Fox cédait 1,5%.

Avant vendredi, le titre Sky accusait un repli de 30% cette année, en partie en raison des craintes de ralentissement de l'économie britannique liées au Brexit.

Sky, qui a créé un comité indépendant chargé d'étudier les conditions de l'offre de Fox, a dit que les discussions se poursuivaient. Conformément aux règles britanniques en matière de fusions-acquisitions, Fox a jusqu'au 6 janvier pour présenter une offre définitive ou renoncer à son projet.

(Avec Anya George Tharakan à Bengalore, Wilfrid Exbrayat et Marc Angrand pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : SKY PLC, AT&T Inc., Time Warner Inc, Twenty-First Century Fox Inc