(Actualisé avec citations, contexte)

PARIS, 22 avril (Reuters) - Déjà durement touché par la pandémie de coronavirus qui s'est traduite par la fermeture de la plupart de ses hôtels, Accor s'attend à ce que mars et avril soient les pires mois de l'année en raison des mesures de confinement mises en place par de nombreux Etats.

Le plus grand groupe hôtelier européen, qui exploite des chaînes comme Ibis ou Movenpick, aperçoit toutefois une petite lueur d'espoir sur certains marchés, en particulier en Chine, "où la reprise est faible mais perceptible" en raison des mesures de levée partielle du confinement.

"Le tourisme reprend, les restaurants ne sont pas plein mais ils reprennent", a déclaré à la presse le directeur général, Sébastien Bazin.

Le groupe, qui a réduit ses dépenses, se prépare à une réouverture graduelle de ses hôtels et à une reprise progressive des réservations au cours des prochaines semaines, sans attendre toutefois un retour à la normale avant au moins douze mois, sachant que la crise a pu par ailleurs modifier le comportement de la clientèle.

Actuellement 92 pays sur les 112 où le groupe est présent ont pris des mesures de confinement, a souligné Sébastien Bazin, précisant que les deux-tiers de son parc hôtelier était fermé.

Le groupe a annoncé un recul de 17% de son chiffre d'affaires à 768 millions d'euros au premier trimestre. En données constantes, c'est-à-dire hors effets de périmètre et de changes, la baisse est de 15,8%.

VERS UN TOURISME PLUS LOCAL, PLUS RESPONSABLE ?

Le revenu par chambre disponible (RevPAR), une mesure clef de la rentabilité dans l'hôtellerie, a reculé de 25,4% sur le trimestre, mais de 62,6% pour le seul mois de mars.

Le groupe hôtelier estime à 170 millions d’euros le manque à gagner en terme d’excédent brut d'exploitation sur les trois premiers mois de l'année, une situation qui devrait encore s'aggraver. Il se dit toutefois incapable à ce stade d'évaluer l'impact de la crise sur les résultats 2020.

Accor, qui dit disposer d'une situation financière très solide, a renoncé à verser un dividende au titre de 2019.

"Les mois d’avril et de mai devraient être les plus difficiles de l’année, avec un taux d’occupation très faible et beaucoup d’incertitudes sur les dates et mesures de déconfinement comme sur le rythme de réouverture des frontières", souligne-t-il.

En dépit de ces sombres perspectives, Sébastien Bazin se dit toujours "extrêmement optimiste" pour l'avenir du secteur.

"Il faudra peut-être se réinventer. Peut-être que le tourisme sera plus local, plus responsable en terme de respect de la planète, peut-être moins transatlantique (...), ce sera a nous de nous adapter."

Le groupe a rouvert la semaine dernière des hôtels en Ile-de-France afin d'y accueillir des personnes contaminées par le coronavirus, asymptomatiques ou faiblement malades.

Le gouvernement français prévoit de procéder à partir du 11 mai prochain à une levée partielle et progressive du confinement, qui devrait s'accompagner d'une campagne massive de dépistage. Les personnes déclarées positives pourraient ainsi se placer en isolement dans des hôtels qui leur seraient réservés. (Sarah White, avec la contribution de Jean-Michel Bélot, édité par Henri-Pierre André)