Le rachat du Credit Suisse par le groupe UBS, organisé par les autorités suisses pour éviter une crise bancaire de plus grande ampleur, devrait être officialisé dès le 12 juin, a déclaré la banque lundi.

La conclusion du rapprochement marque le dernier chapitre pour l'institution vieille de 167 ans, après des années de scandales et de faux pas qui ont érodé la confiance des clients et mis le créancier au bord de l'effondrement.

Voici les principaux événements qui ont précédé la conclusion de la plus grande opération bancaire depuis la crise financière mondiale. FÉVRIER

28 février - Les autorités de régulation suisses réprimandent le Credit Suisse pour des manquements "graves" dans sa gestion d'une affaire de plusieurs milliards avec le financier Greensill, aujourd'hui disparu, le troisième blâme public de ce type en deux ans.

MARS

9 mars - Le Credit Suisse reporte la publication de son rapport annuel à la suite d'un appel de dernière minute de la Securities and Exchange Commission (SEC) américaine, qui a soulevé des questions sur ses précédents états financiers.

13 mars - Les actions du Credit Suisse atteignent un niveau record après que l'ensemble du secteur bancaire s'est effondré à la suite de la faillite de la Silicon Valley Bank.

14 mars - Dans son rapport annuel 2022, publié avec retard, le Credit Suisse déclare avoir identifié des "faiblesses matérielles" dans les contrôles internes des rapports financiers et n'avoir pas encore endigué les sorties de fonds des clients.

15 mars - La Banque nationale suisse s'engage à fournir des liquidités au Credit Suisse "si nécessaire". Il s'agit de la première mesure de ce type prise par une grande banque depuis la crise financière mondiale. Auparavant, le principal actionnaire du Credit Suisse, la Saudi National Bank, avait déclaré qu'il n'augmenterait pas sa participation dans le prêteur, ce qui avait fait chuter ses actions d'un cinquième.

16 mars : le Credit Suisse déclare son intention d'emprunter jusqu'à 50 milliards de francs suisses (56,25 milliards de dollars) auprès de la Banque nationale suisse dans le cadre d'une "action décisive" visant à accroître ses liquidités.

19 mars : un sauvetage d'urgence du Credit Suisse, négocié par le gouvernement suisse, la banque centrale et l'autorité de régulation financière, est annoncé. Dans le cadre de cet accord, UBS accepte de racheter le Credit Suisse pour un prix dérisoire de 3 milliards de francs suisses en actions et accepte de prendre en charge jusqu'à 5 milliards de francs suisses de pertes. Détaillant les événements plus tard dans un document réglementaire, UBS a déclaré qu'elle avait été précipitée dans un accord qu'elle ne souhaitait pas.

20 mars - Le sauvetage déclenche une réaction politique en Suisse, les partis de droite et de gauche mettant en garde contre les risques énormes et la taille de l'entité combinée.

21 mars - Les autorités suisses imposent des restrictions sur le versement de primes aux employés du Credit Suisse.

23 mars : L'autorité suisse de régulation des marchés financiers, la FINMA, défend sa décision d'imposer de lourdes pertes aux détenteurs d'obligations du Credit Suisse, la qualifiant d'inattaquable d'un point de vue juridique.

29 mars - UBS réengage l'ancien CEO et spécialiste du redressement Sergio Ermotti pour piloter le rachat.

AVRIL

3 avril - Le procureur fédéral suisse ouvre une enquête sur la fusion. Par ailleurs, certains détenteurs d'obligations AT1 du Credit Suisse, éliminées par la fusion, chargent des avocats de les représenter en vue d'une éventuelle action en justice pour récupérer les pertes subies.

4 avril - Axel Lehmann, président du Credit Suisse, présente ses excuses aux investisseurs pour avoir conduit la banque au bord de la faillite lors de la dernière assemblée générale des actionnaires.

5 avril - Le gouvernement suisse ordonne au Credit Suisse d'annuler ou de réduire tous les bonus en cours versés aux cadres supérieurs.

- Par ailleurs, les dirigeants d'UBS tentent d'assurer aux actionnaires que le rachat réussira, même s'ils parlent d'une "tâche herculéenne".

6 avril - Le CEO d'UBS, M. Ermotti, demande au personnel du Credit Suisse de rester concentré sur ses activités, mais prévient que des "changements et des décisions difficiles" se profilent à l'horizon.

11 avril - L'Association suisse des employés de banque demande le gel des suppressions d'emplois dans les deux banques jusqu'à la fin de 2023. Les médias suisses avaient précédemment annoncé que jusqu'à 11 000 emplois pourraient être supprimés en Suisse.

12 avril - Le Parlement suisse rejette l'aide du gouvernement pour la fusion lors d'un vote largement symbolique.

15 avril - La Réserve fédérale approuve l'acquisition par UBS des filiales américaines de Credit Suisse.

24 avril - Le Credit Suisse déclare que 61 milliards de francs suisses d'actifs ont quitté la banque au cours du premier trimestre, à l'occasion de la publication de ses résultats trimestriels, probablement les derniers de son histoire.

26 avril - Le Tribunal administratif fédéral suisse déclare avoir reçu "plusieurs centaines" de plaintes contre le régulateur financier du pays, la FINMA, après qu'il a annulé la valeur des obligations AT1 du Crédit Suisse.

- Un dépôt réglementaire auprès de la Securities and Exchange Commission américaine montre qu'UBS a envisagé en décembre l'effet d'un rachat du Credit Suisse, mais a conclu qu'une telle démarche n'était pas souhaitable.

MAI

9 mai - Sergio Ermotti, CEO d'UBS, dévoile sa nouvelle équipe de direction pour le groupe combiné, qui repose en grande partie sur des cadres expérimentés d'UBS et ne conserve que le CEO du Credit Suisse - également ancien cadre d'UBS - Ulrich Koerner de la banque sinistrée.

12 mai - Sergio Ermotti déclare que la situation au Credit Suisse s'est stabilisée, ajoutant qu'il ne pensait pas que les départs de clients se poursuivaient.

16 mai : UBS signale dans un document réglementaire des dizaines de milliards de dollars de coûts - et d'avantages - potentiels liés à son rachat du Credit Suisse, soulignant ainsi l'importance des enjeux.

17 mai : Le bureau de la chambre haute du parlement suisse décide que le sauvetage du Credit Suisse fera l'objet d'une enquête par une commission spéciale.

23 mai - Le ministère suisse des finances émet une ordonnance annulant ou réduisant les primes en cours des dirigeants du Credit Suisse, en application d'une décision annoncée en avril.

30 mai - Le parti social-démocrate suisse déclare avoir élaboré une proposition visant à réduire les actifs d'UBS après le rachat, estimant que la nouvelle banque présentait des risques énormes pour le pays en raison de sa taille et d'une garantie implicite de l'État.

JUIN

2 juin - Sergio Ermotti, directeur général d'UBS, met en garde contre des décisions douloureuses en matière de suppressions d'emplois à la suite du rachat du Credit Suisse, qui devrait être finalisé dans quelques jours, et rejette les craintes que la nouvelle banque soit trop grande pour la Suisse.

(1 $ = 0,8889 franc suisse) (Reportage de John Revill, édition de Tomasz Janowski)