(Actualisé avec contexte, citations supplémentaires)

PARIS, 19 décembre (Reuters) - Le PDG d'Orange Stéphane Richard, mis en examen dans l'enquête principale sur l'arbitrage Tapie, a dit "prendre acte" lundi de la condamnation de Christine Lagarde dans ce dossier, ajoutant ne pas être concerné par ce volet de l'affaire.

Le rôle de Stéphane Richard, qui était directeur de cabinet de la ministre des Finances à l'époque des faits, a été au coeur des débats pendant ce procès.

Il est soupçonné d'avoir "dissimulé" à sa ministre de tutelle des "éléments essentiels du dossier", mais conteste fermement tout manquement, assurant n'avoir fait que mettre en oeuvre une décision politique de la ministre.

"Christine Lagarde a été déclarée coupable de négligence pour ne pas avoir exercé de recours contre la sentence arbitrale, choix qu'elle a toujours assumé après avoir personnellement étudié le dossier", peut-on lire dans un communiqué transmis à Reuters par son avocat.

Stéphane Richard "n'est pas concerné par ce volet de l'affaire", ajoute le texte.

Pendant son procès, Christine Lagarde a dit s'être "reposée" sur son directeur de cabinet pour la décision d'entrer en arbitrage, mais avoir étudié personnellement, et de près, la décision de ne pas exercer de recours contre la sentence à 403 millions d'euros.

Or c'est pour ce second volet qu'elle a été condamnée mais dispensée de peine lundi.

CONFRONTATION AVEC UN EX-FONCTIONNAIRE DE BERCY?

"Il devient très difficile aux juges du pôle financier de remettre en cause le choix du recours à l'arbitrage dont on a vu qu'il reposait sur un consensus politique, non remis en cause par la Cour de justice de la République (qui jugeait Christine Lagarde-NDLR)", estime Stéphane Richard dans son communiqué.

Dans son arrêt, la Cour n'a toutefois pas validé le choix de l'arbitrage, estimant que l'existence de "détournements frauduleux" était caractérisée même si les coupables n'avaient pas encore été "définitivement" identifiés.

La directrice générale du FMI, qui dit avoir toujours "travaillé en confiance avec ses équipes", n'a pas exclu d'avoir été "abusée" dans ce dossier.

A l'audience, elle a confirmé que son directeur de cabinet, mis en examen pour escroquerie en bande organisée et complicité d'un détournement de fonds publics reproché à Bernard Tapie, jouait pour elle un rôle de "filtre".

L'ancien directeur de l'Agence des participations de l'Etat (APE) Bruno Bézard a par ailleurs livré un témoignage particulièrement à charge pour le PDG d'Orange.

"La façon dont le directeur de cabinet présentait le dossier semblait indiquer une volonté d'aboutir quoi qu'il arrive à un arbitrage dans le cadre d'une compréhension assez poussée des intérêts de Monsieur Tapie", a-t-il dit, évoquant des "promiscuités curieuses" dans cette affaire, dès 2007.

Fustigeant des "mensonges", l'avocat de Stéphane Richard, Me Jean-Etienne Giamarchi, a fait savoir que son client allait demander à être confronté avec l'ex-fonctionnaire devant les juges.

L'enquête pénale sur l'arbitrage Tapie a été clôturée le 5 décembre. Elle pourrait toutefois être rouverte si les juges lui accordaient cette confrontation. (Chine Labbé, édité par Sophie Louet)