"Qu'est-ce qui fait qu'une entreprise marche ? C'est une stratégie un peu constante, une stabilité managériale (...), ce sont des équipes très motivées. Où sont tous ces critères de succès chez Altice? C'est ça la question", a-t-il observé lors du "Grand Jury" de RTL, LCI et Le Figaro.

Stéphane Richard a également évoqué un "problème de modèle" chez Altice, qui a investi massivement dans les contenus, en particulier dans les droits sportifs comme ceux du football, alors qu'Orange a privilégié les partenariats pour les contenus et investi fortement dans le développement de la fibre optique.

"Je ne veux pas jouer les Cassandre, mais franchement j'ai des doutes sur le modèle [d'Altice], parce que le modèle financier est difficilement soutenable tel qu'il est aujourd'hui. Il supposerait qu'il y ait effectivement des performances opérationnelles, qui ne sont pas aujourd'hui tout à fait au rendez-vous", a-t-il ajouté.

Altice a annoncé jeudi soir la démission de son directeur général Michel Combes, dans le cadre d'une vaste réorganisation de sa direction marquée par le retour au premier plan de Patrick Drahi, après les inquiétudes manifestées par les investisseurs.

Michel Combes qui assumait la direction générale d'Altice et de SFR paye les difficultés du groupe à stopper la fuite de ses abonnés en France.

Depuis sa prise de contrôle par Altice, SFR a perdu plus de 1,6 million de clients mobile et plus d'un demi-million d'abonnés fixes.

Les difficultés d'Altice en Europe ont également ravivé les interrogations sur une stratégie basée sur des acquisitions à marche forcée financée par de la dette et les réductions de coûts dans un contexte de remontée inéluctable des taux d'intérêt.

En dépit des difficultés de SFR, Stéphane Richard a estimé qu'une consolidation en France, qui se traduirait par la réduction du nombre d'opérateurs de quatre (Orange, Iliad-Free, SFR et Bouygues Télécom) à trois acteurs - véritable serpent de mer du secteur des télécoms - n'était "pas à l'ordre du jour".

Stéphane Richard a estimé par ailleurs que le lancement d'Orange Bank, la nouvelle banque digitale du groupe, était un succès, avec 3.000 clients recrutés chaque jour depuis son lancement il y a dix jours, soit 30.000 clients au total.

Orange vise deux millions de clients pour Orange Bank d'ici dix ans, soit une part de marché d'environ 25%.

(Jean-Michel Bélot, édité par Sophie Louet)

Valeurs citées dans l'article : Orange, Altice