(Actualisation: réaction en Bourse, commentaire d'analystes, précisions sur la trésorerie, déclarations de la directrice financière sur la trésorerie et du directeur général sur Fiat-Chrysler et Nissan)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le constructeur automobile Renault a abaissé vendredi son objectif de chiffre d'affaires pour 2019 après avoir publié des résultats en baisse, mais a maintenu son objectif de free-cash-flow de l'automobile, suscitant des réserves de la part des analystes.

"Dans un contexte plus difficile qu'attendu, le groupe Renault a maintenu son cap et atteint des performances conformes à ses attentes pour la première partie de l'année", a déclaré Thierry Bolloré, le directeur général de Renault, cité dans un communiqué. "L'arrivée de nombreux nouveaux modèles, une compétitivité renforcée et la combativité des équipes permettent au groupe de confirmer ses objectifs de rentabilité sur l'année", a-t-il ajouté.

Face à l'érosion de la demande, et à un marché automobile mondial désormais attendu en baisse de l'ordre 3% en 2019 par le constructeur automobile, Renault a abaissé son objectif de chiffre d'affaires. Le groupe table sur un chiffre d'affaires 2019 "proche" de celui de 2018, à taux de change et périmètre constants, alors qu'il anticipait auparavant une hausse annuelle sur cette même base.

Renault a confirmé ses autres objectifs pour 2019, à savoir une marge opérationnelle de l'ordre de 6% et un free cash-flow opérationnel de l'automobile positif.

Les analystes de Citigroup disent être surpris de voir le groupe maintenir son objectif d'un flux de trésorerie opérationnel positif pour l'automobile tandis qu'UBS estime que cette cible constitue "un défi" pour le groupe, vu notamment la faiblesse du free cash-flow au premier semestre.

Sur l'ensemble du premier semestre, le free cash-flow opérationnel de l'automobile s'est inscrit à -716 millions d'euros, contre un flux positif de 418 millions d'euros un an auparavant. Cette dégradation est notamment due à une hausse des investissements de 742 millions d'euros et à un impact négatif de la variation du besoin en fonds de roulement pour 131 millions d'euros.

La directrice financière, Clotilde Delbos a néanmoins précisé lors d'une conférence dédiée aux analystes que le groupe avait "une feuille de route" pour améliorer son besoin en fonds de roulement sur la deuxième partie de l'année. La génération de la trésorerie bénéficierait aussi de la remontée de dividendes de RCI Banque, filiale de Renault spécialisée dans le financement, a-t-elle ajouté.

Renault n'a plus de discussions avec Fiat-Chrysler

Au cours du premier semestre, Renault a également publié un résultat net part du grouoe à 970 millions d'euros, contre 1,95 milliard d'euros sur la même période de 2018. Dans le même temps, son chiffre d'affaires est passé de 29,95 milliards à 28,05 milliards d'euros, traduisant un recul de 6,4% en données publiées et de 5% à périmètre et change constants.

La marge opérationnelle du groupe a atteint au premier semestre 1,65 milliards d'euros, soit 5,9% du chiffre d'affaires, contre 6,4% au premier semestre 2018. La marge opérationnelle de l'automobile hors Avtovaz s'est inscrite à 981 millions d'euros, soit 4% du chiffre d'affaires, contre 4,5% sur les six premiers mois de 2018. Pour protéger ses marges, Renault a réduit ses coûts fixes de 4,7% sur l'ensemble du premier semestre. Les matières premières ont par ailleurs pesé à hauteur de 213 millions d'euros, tandis que la baisse de l'activité a eu un impact négatif de 471 millions d'euros.

Selon un consensus réalisé par FactSet, les analystes tablaient en moyenne sur un résultat net de 1,16 milliard d'euros, une marge opérationnelle de 1,54 milliard d'euros et sur un chiffre d'affaires de 28,47 milliards d'euros.

Vers 11h50, le titre Renault gagne 0,06% à 52,32 euros. Les analystes d'Evercore ISI, considère que le constructeur a publié des résultats mitigés mais qui "auraient pu être pires", avec une marge opérationnelle supérieure de 4% au chiffre attendu par le consensus des analystes.

Renault a connu un premier semestre agité avec le retrait en juin par Fiat Chrysler (FCA) d'une offre de fusion entre égaux, après que l'Etat français a demandé le plein soutien du groupe japonais Nissan à l'opération, condition qui n'avait pas pu être satisfaite. "Nous n'avons plus aucune discussion avec FCA et c'est dommage", a déploré Thierry Bolloré, ajoutant que le groupe croyait toujours au rationnel stratégique de ce rapprochement.

Thierry Bolloré a également affirmé que "la plus grande priorité" de Renault était de faire tout son possible pour aider remettre son partenaire Nissan "en selle". Le groupe japonais a publié jeudi un bénéfice net pour le premier trimestre de son exercice 2019-2020, qui a fondu de 94,5% sur un an et une marge opérationnelle qui est passée de 4% à 0,1%. Pour faire face à ses difficultés, le groupe japonais a annoncé qu'il réduirait d'environ 10% ses capacités de production d'ici à 2022 ce qui se soldera par des réductions d'effectifs d'environ 12.500 postes.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: LBO - ECH

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