"Pour l'avenir, notre objectif, c'est d'avoir une activité normale", dit Tidjane Thiam dans cette interview. "Nous avons travaillé jour et nuit ces trois dernières années pour éliminer les problèmes du passé."

"Pour les deux prochaines années, un bénéfice compris entre 5 et 6 milliards de francs est réaliste", ajoute-t-il.

Pour 2018, Tidjane Thiam s'attend à ce que le bénéfice soit "un petit peu plus faible", la deuxième banque suisse restant confrontée à des coûts élevés de financement.

"Cela est dû à nos levées de capitaux durant la crise financière", dit-il. "Nous avons récemment annoncé que nous allions racheter ces obligations coûteuses en octobre 2018."

"Cela contribuera à hauteur de 700 millions de francs à notre bénéfice en 2019. L'élimination de ces problèmes hérités du passé va aussi entraîner des pertes sur l'exercice fiscal en cours de l'ordre de 1,4 milliard de francs", poursuit Tidjane Thiam.

"L'année prochaine, cela va diminuer (...) ce qui aura un effet positif sur notre bénéfice."

Credit Suisse a vendu en 2012 et 2013 pour environ 5,9 milliards de francs d'obligations à conversion obligatoire (Cocos) à la Qatar Investment Authority (QIA) et au conglomérat saoudien Olayan Group. La banque suisse paie des intérêts annuels de 9% à 9,5% sur ces titres, qui sont transformés en actions si ses ratios de fonds propres passent sous certains seuils.

Elle a annoncé fin août qu'elle allait les racheter, ce qui devrait lui permettre de réduire ses coûts de financement de près de 900 millions de francs sur les deux prochaines années.

Malgré la suppression récente de 1.600 emplois, la Suisse reste importante pour Credit Suisse, assure encore Tidjane Thiam.

"C'est comme en football, si on n'est pas capable de gagner à domicile, on ne peut pas gagner à l'extérieur", dit-il. "La Suisse, en tant que refuge, reste attractive pour les actifs étrangers."

"En particulier lorsque les risques augmentent à travers le monde, les clients cherchent la sécurité."

Arrivé à la tête de Credit Suisse en 2015, Tidjane Thiam a récemment démenti les rumeurs lui prêtant l'intention de se présenter à la prochaine élection présidentielle en Côte d'Ivoire, son pays natal, en 2020.

"La Suisse, c'est désormais chez moi, c'est un grand pays et je m'y sens bien. J'ai renoncé à mon domicile à Londres", dit-il dans l'interview à NZZ.

(John Revill; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)