"Il n'y a pas d'impasse du dialogue, Apple n'est pas dans une situation où Tim Cook dirait 'puisque c'est comme ça, moi je retire mes billes ou j'arrête d'investir en Europe'", a-t-on déclaré dans l'entourage d'Emmanuel Macron à l'issue de l'entretien qui a duré 45 minutes.

"Il y a un dialogue constructif qui se noue, qui est le corollaire du fait - il ne faut pas se le cacher - qu'il y a aussi la pression qui monte sur les géants du numérique", ajoute-t-on de même source.

La France propose depuis plusieurs semaines de taxer les "Gafa" (Google, Apple, Facebook et Amazon) sur la base de leur chiffre d'affaires réalisé dans chaque pays, et non plus les bénéfices logés dans des filiales installées dans des Etats à faible fiscalité.

Emmanuel Macron, qui a défendu cette proposition au sommet européen sur le numérique fin septembre à Tallinn, estime que la taxation des Gafa qui ne "respectent pas le jeu" sur le sol européen est un sujet "d'intérêt général".

La semaine dernière, il a salué les décisions de la Commission européenne qui a assigné l'Irlande devant la Cour de justice de l'Union européenne pour ne pas avoir récupéré 13 milliards d'euros d'arriérés d'impôts d'Apple et a ordonné à Amazon de rembourser au Luxembourg environ 250 millions d'avantages fiscaux perçus de façon indue depuis 2003.

"La pression monte sur les Gafa, pas seulement du fait de la décision qui a été prise par l'Union européenne, mais aussi tout simplement parce qu'il y a des actionnaires de ces géants du numérique qui considèrent que ça devient un enjeu réputationnel pour le groupe", relève-t-on à l'Elysée. "In fine c'est quand même vis-à-vis de ces actionnaires que les décisions se prennent."

"BRAVO POUR VOTRE TRAVAIL"

Tim Cook ne s'est pas exprimé à l'issue de son entretien avec le chef de l'Etat. Dans une interview au Figaro en février, le numéro un du groupe californien avait estimé que la France avait "toujours eu une place à part pour Apple".

"C'est le meilleur endroit pour découvrir et discuter avec tous les musiciens, les graphistes, les designers ou les photographes qui utilisent nos produits", avait-il dit. "Il y a une telle énergie créatrice".

Lundi, il a rendu une visite surprise en début de journée à une PME normande qui fournit une technologie clef équipant le dernier iPhone, la société Eldim, localisée à Herouville Saint-Clair, près de Caen, dans le Calvados.

La PME, qui emploie 42 personnes, s'est spécialisée dans des technologies optiques utilisés par Apple pour mettre au point le système d'authentification "Face ID" équipant la dernière génération des iPhone.

Face ID remplacera le capteur d'empreinte équipant les précédents modèles pour déverrouiller l'appareil et constitue l'un des principaux arguments de vente de la firme à la pomme pour l'iPhone X qui sera commercialisé à partir du 3 novembre à un prix de départ de 999 dollars (à partir de 1.159 euros en France).

"Bravo pour votre travail !", écrit - en français - Tim Cook sur son compte Twitter, avec un drapeau tricolore et une photo de sa rencontre avec les salariés de la société.

Eldim travaille en toute discrétion depuis dix ans avec Apple, la plus grosse capitalisation boursière mondiale.

"Ils ont certainement une technologie qui est clef et à la pointe", commente Thomas Husson, analyste à Forrester Research. "La reconnaissance faciale est un des aspects différenciants de l’iPhone X."

Apple s'entoure généralement de la plus grande discrétion sur l'identité de ses fournisseurs.

Le fabricant franco-italien de semi-conducteurs STMicroelectronics est également crédité de faire partie des fournisseurs de capteurs pour l'iPhone 7 et ses successeurs même s'il ne l'a jamais officiellement confirmé.

(Mathieu Rosemain, Gwénaëlle Barzic et Marine Pennetier, avec Eric Auchard à Londres, édité par Elizabeth Pineau)