* Vivendi grimpe à 12,31% de Mediaset, vise jusqu'à 20%

* La famille Berlusconi dénonce une tentative de prise de contrôle

* Le titre Mediaset a flambé de plus de 31% à Milan (.)

par Agnieszka Flak et Gwénaëlle Barzic

MILAN/PARIS, 13 décembre (Reuters) - La tension est montée d'un cran mardi entre Vincent Bolloré et l'italien Mediaset , Vivendi ayant porté à 12,32% sa part dans le groupe de médias contrôlé par Silvio Berlusconi.

Le milliardaire français, président du conseil de Vivendi, avait déjà annoncé la veille avoir pris 3,01% du capital de l'italien et vouloir devenir son deuxième actionnaire industriel en acquérant, "dans un premier temps", jusqu'à 20% du capital de Mediaset.

Vivendi a choisi le passage en force dans le bras de fer qui l'oppose depuis cet été à Mediaset, après la remise en cause d'un accord de partenariat conclu en avril prévoyant une alliance autour de la chaîne payante Mediaset Premium et des échanges de participation.

Depuis, les deux groupes s'affrontent devant les tribunaux avec une première audience prévue en Italie en mars.

Selon une source au fait du dossier, Vivendi ne vise pas d'offre hostile sur Mediaset mais espère inciter la famille Berlusconi à revenir à la table des négociations.

"Vivendi préfère la méthode douce pour le moment. Si cela ne fonctionne pas bien, le groupe verra à ce moment-là", a ajouté la source.

Ce coup de force de Vivendi relance les interrogations sur les intentions réelles de Vincent Bolloré en Italie, où Vivendi s'est déjà assuré le contrôle de l'opérateur Telecom Italia après avoir grappillé des parts à son capital.

Vivendi, qui possède le groupe de télévision Canal+ et le numéro un mondial de la musique Universal Music Group, a affiché ses ambitions dans les contenus en Europe du Sud.

HAUSSE HISTORIQUE POUR L'ACTION MEDIASET

"C'est la première page d'une nouvelle histoire", écrivent les analystes de Mediobanca dans une note.

Un groupe comme Mediaset - leader dans la télévision commerciale en Italie et en Espagne, avec des compétences avérées dans la production de contenus et une activité de télévision payante bien établie - offre une option de choix pour quiconque souhaiterait lancer une plateforme de médias très présents en Europe du Sud, ajoutent-ils.

L'action de Mediaset, en berne depuis le litige avec Vivendi, a flambé mardi, signant sa plus forte hausse (+31,9%) en une séance depuis son introduction en Bourse en 1996, valorisant le groupe italien quelque 4,2 milliards d'euros, tandis que le titre Vivendi a terminé à l'équilibre.

Fininvest, holding de la famille Berlusconi et premier actionnaire de Mediaset avec 34,7% du capital, accuse désormais Vivendi d'avoir fait baisser à dessein le cours de l'action Mediaset en dénonçant l'accord de partenariat pour pouvoir ramasser des titres Mediaset à bon compte.

La holding a porté plainte contre Vivendi devant le parquet de Milan et la Consob, l'autorité italienne des marchés financiers, pour manipulation de cours.

Bolloré, qui est également un actionnaire important de la banque d'investissement Mediobanca, s'est illustré par nombre de coups boursiers qui lui ont valu une réputation de "raider".

"Cela ressemble au schéma typique de Bolloré (...) acquérir une petite participation, puis la renforcer et ensuite chercher à influer sur la direction du groupe", écrivent les analystes de Liberum dans une note.

L'initiative de Vivendi intervient à un moment où la consolidation s'accélère dans le secteur européen des médias, avec une offre de 14 milliards de dollars de Rupert Murdoch sur le groupe de télévision Sky, présent en Italie via Sky Italia.

SUCCESSION À VENIR CHEZ MEDIASET

Elle survient aussi au moment où la succession de Silvio Berlusconi va se poser et, avec elle, une recomposition du capital de Mediaset.

"En supposant une répartition équitable entre les cinq enfants, un scénario de transformation de Fininvest est tout à fait possible en fonction des alliances familiales avec à la clef de possibles cessions ou découpages d'actifs (dont la participation dans Mediaset), qui constitueraient autant d'opportunités pour un acquéreur", explique Jérôme Bodin, analyste à Natixis.

Les analystes s'attendent à ce que Vivendi, comme Fininvest, poursuivent leurs achats dans Mediaset dans les mois qui viennent, ce qui devrait contribuer à doper encore le titre. Ils jugent en revanche peu probable une prise de contrôle totale en raison du poids de la participation des Berlusconi.

"Si Vivendi ne parvient pas à ses fins stratégiques, le groupe pourrait tout à fait céder ses titres Mediaset", souligne Jérôme Bodin. "Il a plusieurs options en fonction de l'évolution de la situation, avec d'importantes perspectives de création de valeur". (Avec Mathieu Rosemain et Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : Mediaset SpA, Vivendi, Telecom Italia SpA, ORANGE SA, Mediobanca Group