Après des années de discussions, le deuxième opérateur mondial de téléphonie mobile a conclu un accord avec le groupe de John Malone lui permettant de devenir un leader paneuropéen capable de concurrencer d'anciens monopoles comme Deutsche Telekom.

Grâce à cet accord, le groupe britannique aura désormais accès à 54 millions de foyers sur son réseau câblé et fibre et il pourra leur proposer toute une gamme de services, tout en réduisant ses coûts.

"La transaction accélère la stratégie de Vodafone de convergence des communications en permettant de consolider ses opérations en Allemagne, son premier marché, et sur ses marchés d'Europe centrale et de l'Est", lit-on dans un communiqué.

Vodafone dit ainsi vouloir créer un "challenger national" pour Deutsche Telekom, "avec une échelle permettant d'accélérer la mise en oeuvre des ambitions du gouvernement dans le numérique."

L'opération, l'une des plus importantes jamais réalisées par Vodafone, ressemble à celle conclue en 2015 lors du rachat du câblo-opérateur espagnol Ono pour 7,2 milliards d'euros. Elle répond aussi à la demande des consommateurs pour des services groupés dans les télécoms.

"Vodafone deviendra le premier propriétaire de réseau de la prochaine génération en Europe, desservant le plus grand nombre de clients mobiles et de ménages à travers l'UE", a déclaré le directeur général Vittorio Colao.

Le groupe britannique a dit s'attendre à des économies d'environ 535 millions d'euros par an, hors coûts d'intégration, à compter de la cinquième année de la finalisation de l'accord.

Les deux groupes, qui ont déjà une coentreprise aux Pays-Bas ne faisant pas partie de l'opération, ont recommencé à négocier en février sur le rachat des actifs de Liberty Global dans les autres pays d'Europe continentale où leurs opérations doublonnent. Des sources avaient indiqué début mai qu'un accord était en vue.

Liberty restera le propriétaire du réseau Virgin Media en Grande-Bretagne.

OPPOSITION DE DEUTSCHE TELEKOM

L'accord entre Vodafone et Liberty, dont la finalisation est prévue mi-2019, devrait subir un long examen des autorités de la concurrence.

Deutsche Telekom a jugé mercredi que l'opération était de nature à fausser la concurrence sur le marché en Allemagne et qu'il donnerait naissance à un opérateur dominant dans la télévision par câble.

Le président du directoire de l'opérateur historique allemand, Tim Höttges, a rappelé que la réglementation imposait à son groupe des contrôles tarifaires et l'ouverture de son réseau à des acteurs tiers.

"Je me battrai personnellement pour une concurrence loyale pour nos clients, afin qu'on ne soit pas lesé", a-t-il déclaré en réponse à une question lors d'une conférence téléphonique sur les résultats de Deutsche Telekom.

Vodafone a affirmé que l'accord avec Liberty ne réduirait pas le choix des consommateurs en Allemagne puisqu'il n'y a pas de doublons entre son réseau câblé actuel Kabel Deutschland et le réseau Unity Media de Liberty.

Exposant la position que Vodafone défendra sans doute devant les autorités de régulation, Vittorio Colao a déclaré que l'accord créerait un "champion de la concurrence", qui profitera aux consommateurs et aux Etats désireux d'accélérer la construction d'infrastructures numériques plus rapides.

Vodafone pourra bénéficier d'une indemnité de rupture de 250 millions d'euros si l'opération venait à être bloquée, dans certaines conditions.

(Véronique Tison et Claude Chendjou pour le service français)

par Paul Sandle et Kate Holton