Mardi, en Californie, Warren Buffett a été interrogé à l’occasion d’une conférence organisée par le magazine Fortune. On lui a notamment demandé de réagir à un éditorial du Wall Street Journal, qui accablait son idée de taxer plus sévèrement les plus riches et lui demandait de rendre publique sa feuille d’impôts.

Sans se démonter, le milliardaire d’Omaha a répondu comme suit : « Je pense que cela pourrait être une fantastique idée qu’ils demandent à leur patron, Rupert Murdoch, et à moi de se rendre dans les locaux de Fortune, ce qui nous donnerait l’occasion de vous donner nos feuilles d’impôts, pour qu’elles soient publiées ». Et d’ajouter : « Je suis prêt à le faire demain matin ». Pour l’instant, son collègue milliardaire n’a pas réagi...

Sur le fond, l’idée d’en demander plus aux riches est venue à Buffett quand il a découvert ce que payait en impôts sa secrétaire. Il s’est rendu compte que, proportionnellement au revenu, sa salariée contribuait plus au budget de l’Etat que lui-même. Jugeant insupportables ce paradoxe et cette injustice, il a demandé à Barack Obama de faire quelque chose, et le président américain, ravi de l’aubaine pour les finances fédérales, l’a pris au mot. Au passage, Warren Buffett se dit très fier qu’un impôt porte son nom.

Si on en croit CNN Money, le vénérable milliardaire a n’a payé « que » 6,9 millions de dollars d’impôts en 2010, soit seulement 17,4% de son revenu imposable, qui ne prend évidemment pas en compte les bénéfices tirés des dividendes et des intérêts sur le capital. Sur le même exercice fiscal, son camarade Rupert Murdoch aurait lâché pas moins de 33 millions de dollars, soit 47% de plus qu’en 2009 !

D’où cette perfide attaque du Wall Street Journal : « Pour un gars qui passe beaucoup de temps à militer pour des impôts plus élevés, Buffett est remarquablement bon pour minimiser ses revenus ». Chaude ambiance entre nos deux milliardaires, qui il est vrai ne sont pas tout à fait du même bord politique...