Une porte-parole du groupe allemand de réassurance a fait mine d'accueillir l'Oracle d'Omaha comme n'importe quel autre investisseur : « Nous nous réjouissons d'accueillir tout investisseur. Cela conforte notre stratégie inscrite dans la durée » (Les Echos, 29/01). Alors que dès l'annonce de l'opération, le cours montait comme un seul homme...

L'intérêt du milliardaire américain ne date pas d'hier mais d'avril 2008 et de l'acquisition d'un petit million d'actions Munich Re, représentant 0,5% du capital. Puis, progressivement, cette participation a enflé, le rythme s'accélérant ces derniers temps. Deux jours avant de dépasser le seuil de 5% des droits de vote, Buffett acquérait ainsi 3% du capital.

Il a jusqu'au 11 mars pour décider s'il entend ou non exercer son option sur cette participation. En passant la barre de 5%, il déclencherait, selon le droit boursier allemand, un nouveau seuil de déclaration. Et Buffett passerait du même coup devant BlackRock, gestionnaire de fonds américain, pour l'instant premier actionnaire de Munich Re avec 4,58% du capital.

Pourquoi un tel intérêt pour la réassurance ?
La seconde fortune de la planète, estimée à 37 milliards de dollars, détient déjà 3,1% de Swiss Re, principal rival de Munich Re. L'année dernière, Buffett a même accordé une ligne de crédit d'un milliards de francs suisses au réassureur helvétique, pour l'aider à surmonter la crise des subprimes. Si Swiss Re ne peut pas rembourser, Buffett détiendra alors 20% du capital.

Le hasard, comme on pouvait s'en douter, n'a rien à voir là-dedans : Buffett compte sur le secteur de la réassurance, d'abord parce que les nouvelles normes Solvency II, applicables en 2012, vont pousser les assureurs à davantage se réassurer. Le réassureur bavarois, dont 100% du capital est flottant, représente également un bon placement en Bourse, estiment les analystes. Ses résultats 2009 devraient d'ailleurs se révéler plus que corrects, avec un bénéfice compris entre 2,2 et 2,5 milliards d'euros.

Plus largement, les actions du secteur sont notoirement « très, très bon marché », selon Michael Huttner, analyste chez JPMorgan, précisant même qu'elles « n'ont jamais été si peu chères que maintenant, et c'est peut-être ce que Warren Buffett a observé » (Dow Jones, 28/01). Il assure même que notre milliardaire « connait se secteur comme personne ».

On allait oublier : Warren Buffett détient la totalité de Berkshire Hathaway Re, un des plus gros réassureurs mondiaux en termes de revenu brut. Nul doute en effet qu'il maîtrise le sujet...