La situation est suffisamment rare pour être signalée : en février dernier, les obligations à maturité deux ans émises par Berkshire Hathaway disposaient d'un rendement de base inférieur aux bons du Trésor américain de même échéance, relève Bloomberg.

L'écart est certes mince (3,5 points de base), mais le message qui prévaut actuellement sur les marchés est limpide : mieux vaut prêter à Warren Buffett qu'aux États-Unis. Notons toutefois que « l'oracle d'Omaha » n'est pas le seul à bénéficier de cette image sécurisante, Johnson & Johnson, Lowe's et Procter & Gamble pouvant se prévaloir du même statut.

Le milliardaire a bénéficié de circonstances aussi favorables qu'exceptionnelles : l'offre de bons du Trésor US affiche un rythme soutenu (plus de 2 590 milliards de dollars depuis le début de l'année), tandis que, parallèlement, les émissions de grandes entreprises se font plutôt rares.

Le facteur risque entre également en compte : le nouveau système de santé américain, dont le coût se chiffre en centaines de milliards de dollars, viendra alourdir un peu plus le déficit des États-Unis. Les investisseurs redoutent ainsi une dégradation de la note souveraine des États-Unis (AAA).

Un rendement exceptionnel depuis 45 ans
L'émission de Warren Buffett visait à refinancer sa holding, qui reste néanmoins sur un bénéfice net de 8 milliards de dollars sur l'année écoulée. Si le bénéfice reste élevé et sa hausse spectaculaire (+61%), la valeur nette comptable de Berkshire Hathaway a progressé moins vite (+19,8%) que celle de l'indice S&P (+26,5%), une première depuis 2004.

Toutefois, le rendement de Berkshire n'est plus à démontrer, comme le milliardaire n'a pas manqué de la rappeler à ses actionnaires dans sa dernière lettre. Un investisseur de sa holding lui ayant fait confiance depuis ses débuts, il y a 45 ans, aurait vu son placement afficher un rendement annuel moyen supérieur à 20% par an.