Depuis une semaine, la presse financière indienne bruisse d'une rumeur flatteuse pour l'économie du pays : Warren Buffett pourrait bientôt prendre une participation dans une compagnie d'assurance du sous-continent.

Selon le site indien d'informations financières VC Circle (08/06), le patron de la filiale de réassurance de Berkshire Hathaway, Ajit Jain - pressenti pour succéder un jour à Warren Buffett à la tête de son empire -, aurait déjà identifié une cible : Bajaj Finserv, la holding chapeautant les activités d'assurance générale et d'assurance vie de Bajaj Allianz Life Insurance et Bajaj Allianz General Insurance.

Selon VC Circle, Buffett envisagerait d'acquérir entre 5 et 10% du capital de la firme. Bajaj Allianz Life Insurance et Bajaj Allianz General Insurance sont des joint-venture entre l'indien Bajaj et Allianz, dont le géant allemand détient 26%, la limite légale actuelle pour l'investissement d'un groupe étranger dans une société d'assurance indienne - mais cette borne devrait bientôt passer à 49%.

Bajaj Finserv se distingue par un rallye de plusieurs semaines sur la Bourse de Mumbai, avec une progression de 36% en seulement un mois. D'ici peu, la société de services financiers postulera pour l'obtention d'une licence bancaire, les autorités indiennes étant en train de réviser les conditions d'exercice de la profession.

Marge de progression gargantuesque
Après la diffusion de cette information sur les intentions supposées de l'ami Warren, le titre Bajaj Finserv a gagné 10% à Mumbai. Pourtant, la direction de l'assureur s'est empressée de démentir formellement toute intrusion possible du sage d'Omaha dans son capital.

Quoi qu'il en soit, le marché indien de l'assurance promet de devenir l'un des plus juteux du siècle. Sur 1,28 milliard d'Indiens, "seuls" 320 millions ont contracté une police d'assurance vie. La marge de progression est d'autant plus grande que la part de l'assurance dans le PIB indien ne dépasse pas 4%, contre plus de 10% dans plusieurs pays asiatiques et dans certaines économies émergentes.

Mais à travers un hypothétique investissement de Warren Buffett en Inde, c'est véritablement le statut économique du pays qui est en jeu. Une incursion du patron de Berkshire Hathaway sur le Gange serait un signe fort envoyé aux marchés quant à la fiabilité de l'économie indienne.

George Soros s'est déjà bien positionné en Inde mais, à l'inverse, un Jim Rogers garde ses distances et insiste sur le manque de stabilité des fondamentaux du pays, notamment l'approvisionnement en eau et en nourriture.