"Nous avons écouté. Nous avons appris", affirme le groupe allemand sur son site internet pour lancer cette campagne de communication destinée à redorer une image ternie par les conséquences du rachat l'an dernier du semencier américain Monsanto, fabricant du Roundup, un herbicide accusé de provoquer des cancers.

Dans ce communiqué, Bayer insiste sur sa "responsabilité renforcée et (son) potentiel unique pour faire progresser l'agriculture au bénéfice de la société et de la planète".

Bayer est sous le feu des critiques depuis l'acquisition de Monsanto pour 63 milliards de dollars (56 milliards d'euros).

Il conteste que le Roundup soit à l'origine de cancers mais la justice américaine a déjà rendu trois décisions défavorables au groupe allemand, qui a été notamment condamné en mai à verser plus de 2 milliards de dollars à un couple affirmant avoir développé des lymphomes en raison du Roundup.

Bayer doit faire face à plus de 13.000 plaintes relatives au Roundup aux Etats-Unis.

Le groupe est aussi contesté dans son propre pays, en Allemagne, où des défenseurs de l'environnement accusent les pesticides d'être responsables de la disparition des insectes en raison de leur usage excessif par les agriculteurs.

"Alors que le glyphosate continuera de jouer un rôle important dans l'agriculture et dans le portefeuille de Bayer, l'entreprise est déterminée à proposer un choix plus vaste aux cultivateurs", promet Bayer vendredi.

UN PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE FRAGILISÉ

Depuis les premiers jugements aux Etats-Unis l'été dernier, l'action Bayer n'a cessé de baisser. Elle est récemment tombée à un plus bas de sept ans et la capitalisation boursière du groupe allemand a chuté à environ 50 milliards d'euros, soit sous le montant déboursé pour Monsanto.

Ces déboires ont fragilisé son président du directoire, Werner Baumann, auquel les actionnaires ont infligé un camouflet en avril en refusant de lui accorder leur confiance.

Werner Baumann a décidé de mettre en place une communication de crise et il a personnellement pris la tête des efforts destinés à redorer le blason du groupe.

Dans son communiqué publié vendredi, Bayer s'engage à tenter de réduire son empreinte environnementale en limitant les volumes nécessaires à la protection des cultures et en permettant des épandages plus précis.

Il promet des efforts de transparence en matière de recherche et dans la campagne à venir pour tenter d'obtenir une nouvelle autorisation du glyphosate dans l'Union européenne.

Outre les accusations de nocivité portées contre le glyphosate, Bayer a dû faire face en mai à la révélation de l'existence en Europe de fichiers exploités par Monsanto, qui visaient entre autres des journalistes et des responsables politiques en vue d'influencer le débat sur les pesticides.

(Tassilo Hummel à Berlin et Douglas Busvine à Francfort; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)