La récession en germe dès 2006 ?
Certes, le marché immobilier américain a affiché un léger mieux en juin par rapport à mai. Mais ce n'est pas une base de comparaison pertinente à ses yeux, et il faut regarder du côté de juin 2008 pour se faire une idée plus précise. Et dans ce cas, on prend conscience que la route est encore longue avant une reprise du secteur.

Ce sera lorsque l'on constatera une amélioration d'une année sur l'autre que l'on pourra véritablement parler de sortie de crise, résume-t-il.

Et encore ! En 2006, dernière année "saine" avant la récession, il rappelle que pour la première fois depuis la Grande Dépression, le taux d'épargne des États-Unis était négatif. Pour en finir totalement avec la crise, il faudrait donc remonter à une situation économique encore antérieur.

Des esprits frondeurs noteront que, étant partie prenant au rachat des actifs immobiliers en déroute, Ross a tout intérêt à en diminuer l'estimation...

En fait, le problème réside surtout dans le décalage qui existe entre les pertes en patrimoine des ménages américains – il avance la somme faramineuse de 6 000 milliards de dollars – et leur endettement, qui n'a diminué pour sa part que de 600 millions de dollars.

Les Américains ne doivent plus rembourser leurs dettes aux banques... mais c'est l'État fédéral qui est devenu leur créancier.

Où l'État s'arrêtera-t-il ?
Et cette idée n'est pas anodine pour Wilbur Ross. Certes l'intervention de l'État apparaissait comme indispensable. Mais que va-t-il se passer ensuite ?

Et de lancer la question : « Le gouvernement sera-t-il capable de rompre avec sa politique interventionniste, et de laisser l'économie intacte, ou nous dirigeons-nous vers des marchés financiers de plus en plus "socialisés" ? »

Il a la ferme conviction que le centre de gravité du pouvoir économique est en train de glisser de Wall Street vers Washington. Pour preuve : désormais, il passe au moins une journée par semaine dans la capitale fédérale.

Et la question de l'interventionnisme étatique n'a rien d'abstrait pour l'homme d'affaires. Il a récemment émis un jugement très sévère – voire une menace à demi voilée – sur les nouvelles règles que l'administration américaine souhaite imposer aux sociétés qui ont repris les actifs "toxiques" des banques.

Ross exige notamment une baisse du capital requis pour participer à ces reprises, demandant que le taux soit établi à 7,5% du ratio Tier-1, contre une nouvelle exigence de 15% émise par l'autorité bancaire.

Et il prévient que si ces nouvelles normes ne sont pas abrogées, aucun fonds d'investissement ne voudra plus participer au renflouement des actifs "pourris".

Autre exigence de Wilbur : en aucun cas, selon lui, les nouvelles normes ne doivent être rétroactives. Il faut dire que l'homme, associé à Carlyle, Blackstone et Centerbridge, a repris récemment la principale banque de Floride, BankUnited.

La promulgation des nouvelles règles, si elle devenait rétroactive, pourraient alors lui coûter une petite fortune.