Burlington Industries (textile), Lear (équipementier auto), International Coal Group (charbon), autant d’entreprises dans lesquelles notre spécialiste des secteurs difficiles s’est impliqué.

Investissements « à estomac »

Alors que le secteur financier US traverse une des plus graves crises de son histoire, Wilbur Ross s’y intéresse maintenant. On l’avait déjà vu rôder autour d’American Home Mortgage Investment, un émetteur de crédit hypothécaire dont la valeur est passée, en juillet dernier, de plus de 30$ à une poignée de cents (0,05$ au dernier pointage). American Home, sous la protection de la loi sur les faillites et en cours de restructuration, a vu arriver une cinquantaine de millions de dollars de la part de Ross courant août. Il s’agit d’un prêt convertissable en actions.

« Nous sommes des investisseurs de long terme, pas des hedge funds », a-t-il affirmé récemment à Business Week (09/08/07). En plus, Ross sait bien qu’il n’a pas choisi un chemin facile : « nous nous attendons a bien plus de problèmes [sur le marché US du crédit immobilier, NDLR] dans l’année qui vient. Il faut avoir de l’estomac – et pas qu’un peu – pour ce genre de risque ».

Idioties et oublis

Alors que Business Week lui demande ce qu’il vient faire dans ce secteur en pleine crise, Wilbur Ross répond sans se démonter, à propos du crédit hypothécaire : « c’est une activité tout à fait pertinente. Elle a juste été mal faite par nombre d’acteurs. Des dossiers de crédits risqués doivent se traiter avec une prime, pas avec décote... », déclarait-il. Du bon sens !

En effet, cela fait longtemps que les crédits « subprimes » existent. Ce qui est nouveau, c’est le fait de vendre à des ménages pauvres et mal informés des prêts compliqués qui semblent sympathiques de prime abord. Et ensuite le sont beaucoup moins : augmentation des mensualités, des taux, défaut de paiements en cascades, baisse des prix de l’immobilier, saisies, faillites personnelles...

Wilbur Ross ajoute que les prêts avec mensualités réduites pendant deux an pour des ménages impécunieux sont « idiots ». Que les banques ont souvent « oublié » de vérifier la situation financière de l’emprunteur, ou même la valorisation du bien immobilier... Bref, le rendement de l’activité hypothécaire ne tenait aucun compte du risque. Les crédits avec taux ajustables s’ajustent, surtout en 2008, selon Ross. Et voilà...

Ross est cependant convaincu que les « subprimes » sont valides, mais... qu’ils sont devenus bien trop gros. A terme, il envisage un secteur de « subprime » viable, mais... réduit au quart de sa taille 2007 !

Wilbur Ross rôde autour d’Ambac

La valeur US Ambac fait partie des grands réhausseurs de crédit, et son action a perdu 90% de sa valeur ces derniers mois. Un rehausseur, c’est un assureur qui garantit les remboursements d’un tiers endetté, principalement une collectivité locale (ville, société de service public, université...). C’était le coeur de métier des réhausseur : permettre aux municipalités d’emprunter directement sur les marchés des capitaux lorsqu’elles eurent la possibilité de se passer des banques, dans les années 70. Mais voilà : à cette époque, les villes étaient souvent mal connues des investisseurs. Passer par un garant était indispensable pour que nombre de « municipal bonds » (emprunts communaux) trouvent preneur auprès des investisseurs.

Cette activité a connu des heurts dans les années 80 – avec le défaut de paiement de la compagnie d’électricité de Washington... -, ce à quoi l’Etat a répondu par une régulation plus stricte. Les réhausseurs sont devenus indépendants, ils ne pouvaient plus faire que de l’assurance-crédit. Nombre d’entre eux sont arrivés en Bourse. Et la concurrence s’est accrue.

Du coup, dès qu’ils ont pu assurer des obligations non municipales, mais des CDOs (produit obligataire émis par les banques et composés notamment de tranches de prêts immobiliers, dont des « subprimes »), ils ont sauté sur l’occasion. Mal leur en a pris : bien trop compliqués et obscurs, ces CDOs ont vu leur risque mal évalué. On vient juste de s’en apercevoir, ce qui entraîne donc la dégradation de la notation-crédit des réhausseurs. Problème : dans ce cas, c’est la notation de tous les emprunts qu’ils garantissent qui dégringole aussi. Ce qui signifie, pour tout le monde, des taux d’intérêts plus élevés, donc plus de défauts de paiements, et des emprunts qui perdent de leur valeur...

Ambac (plus de 550 milliards d’obligations garanties...) a été le premier réhausseur à être dégradé par l’agence de notation Fitch, le 18 janvier. Panique à bord : il tente de lever 1 milliard en Bourse, doit y renoncer, et se retrouve mal parti....

« Négociations sérieuses » ou création ?

Jusqu’à ce que la presse britannique révèle, le 25 janvier, que Wilbur Ross serait intéressé par Ambac. On parle de « négociations sérieuses » dans l’Evening Standard, un tabloid du soir, qui ajoute qu’elles « avancent pas mal ». Et quelques heures plus tard, le Financial Times annonce que Wilbur Ross envisage de créer son propre réhausseur.

A suivre...