(Actualisation: commentaires du directeur financier d'EDF sur les négociations entre l'Etat et la Commission européenne et sur l'objectif de production nucléaire en 2021, précisions sur les capacités et le chiffre d'affaires du segment renouvelables au premier trimestre, cours de Bourse)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le producteur d'énergies EDF a souligné mercredi la difficulté des discussions en cours entre l'Etat français et la Commission européenne concernant la réorganisation du groupe ainsi que les prix régulés de l'électricité (Arenh), estimant leur issue incertaine.

"Les discussions relatives à la réforme de l'Arenh et à la réorganisation d'EDF se poursuivent entre l'Etat français et la Commission européenne et elles restent difficiles. Il n'y a pas de certitude quant à leur calendrier ni quant à leur aboutissement", a indiqué EDF dans un communiqué publié à l'occasion de la présentation de ses résultats trimestriels.

"Comme l'a rappelé notre PDG, Jean-Bernard Lévy, la semaine dernière lors de l'assemblée générale des actionnaires, la ligne rouge pour EDF est de rester un groupe intégré", a déclaré mercredi le directeur financier de l'électricien, Xavier Girre, à l'occasion d'une conférence téléphonique avec des analystes. Le dirigeant a souligné que rien n'était encore arrêté à ce jour, mais il n'a pas souhaité commenter les discussions en cours.

Le ministère de l'Economie et des Finances avait de son côté fait savoir mardi que les discussions entre le gouvernement français et la Commission européenne au sujet de la réorganisation d'EDF restaient "difficiles" en dépit d'avancées. Au lendemain d'une rencontre entre le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, et la vice-présidente de la Commission européenne Margrethe Vestager, le ministère avait également évoqué une ligne rouge claire et non négociable, à savoir "le maintien d'un groupe intégré".

Fin 2018, le président français, Emmanuel Macron, a demandé à EDF de réfléchir à la réorganisation des activités du groupe afin "de renforcer sa contribution à la transition énergétique et de mettre en oeuvre les orientations définies dans la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE)". Cette réflexion a abouti à un projet, initialement baptisé "Hercule".

Depuis, ce projet suscite un vif débat entre la France et la Commission européenne, qui porte sur le niveau de séparation des différentes filiales d'EDF et la nature des garde-fous nécessaires pour que la réforme de la régulation du nucléaire français ne bénéficie pas aux autres activités du groupe, au détriment des concurrents et du consommateur.

Selon le plan français, les activités aval et de services, ainsi que le pôle d'énergies renouvelables et la filiale de distribution (Enedis), seraient regroupés dans un ensemble appelé "Vert", dont 30% du capital pourraient être ouverts à des investisseurs privés. La maison mère, appelée EDF "Bleu", garderait directement les activités nucléaires et le parc hydraulique d'EDF.

La Commission européenne défend une vision différente: selon Bruxelles, il faudrait créer une société holding sans rôle opérationnel, qui n'exercerait ni contrôle ni influence sur ses filiales, afin de garantir un meilleur niveau de concurrence. L'ouverture à la concurrence des barrages hydroélectriques exploités par EDF en France, regroupés sous la bannière "Azur", entre aussi dans les discussions avec la Commission européenne.

Outre la réorganisation souhaitée par le président français, Paris et Bruxelles discutent également de l'évolution du mécanisme Arenh, qui contraint EDF à vendre à ses concurrents une partie de son électricité à prix fixe.

Les réformes actuellement en discussion visent à placer EDF dans une position favorable pour investir dans les infrastructures nucléaires existantes, ainsi que dans le développement des énergies renouvelables et des services, a rappelé Xavier Girre.

Prévisions 2021 confirmées

Outre ces commentaires sur les négociations en cours avec Bruxelles, EDF a confirmé mercredi prévoir une amélioration de sa rentabilité en 2021. après avoir vu ses ventes progresser au premier trimestre, grâce notamment à la hausse des prix de l'électricité et du gaz.

Pour l'année en cours, EDF continue de tabler sur un excédent brut d'exploitation (Ebitda) supérieur à 17 milliards d'euros. En 2020, le groupe avait dégagé un Ebitda de 16,17 milliards d'euros, en baisse de 3,3% par rapport à 2019.

Sur les trois premiers mois de 2021, le chiffre d'affaires d'EDF a atteint 21,95 milliards d'euros, contre 20,7 milliards d'euros à la même période un an plus tôt, représentant une croissance de 6,2% à périmètre et taux de change constants, a indiqué le groupe dans un communiqué.

Le chiffre d'affaires du premier trimestre a été "soutenu par l'évolution positive des indexations tarifaires en France et par de meilleures conditions de prix de l'électricité et du gaz", ainsi que par un effet climat favorable et une "bonne performance" d'EDF Trading, a expliqué EDF.

"Il convient de noter toutefois que l'évolution favorable des prix du gaz a un impact limité" au niveau de l'Ebitda, a souligné le groupe.

Les ventes des activités de production et de commercialisation en France ont progressé de 3,9% à périmètre et changes constants au premier trimestre, à 8,83 milliards d'euros contre 8,44 milliards d'euros un an plus tôt.

EDF a indiqué que sa production d'électricité d'origine nuclaire en France s'était établie à 99,2 térawattheures (TWh) au premier trimestre, en baisse de 2 TWh sur un an, "principalement en lien avec la fermeture des deux tranches de Fessenheim".

Augmentation des capacités dans le renouvelable

Au premier trimestre, "la baisse de la production nucléaire, partiellement compensée par une légère hausse de la production hydraulique, représente un effet volume négatif qui a un impact défavorable sur le chiffre d'affaires de 113 millions d'euros par rapport au premier trimestre 2020", a souligné EDF.

Pour 2021, Xavier Girre a confirmé l'objectif du groupe d'une production comprise entre 330 et 360 TWh. EDF est actuellement en "légère avance" sur cet objectif, a indiqué le dirigeant, tout en soulignant que le calendrier d'interruptions de production était très chargé cette année, en raison notamment du report, pour cause de crise sanitaire, de certaines opérations de maintenance initialement prévues en 2020.

La production hydraulique en France s'est établie à 13,7 TWh, en hausse de 1,7% par rapport au premier trimestre 2020.

Les activités régulées en France, qui comprennent notamment Enedis, ont vu leur chiffre d'affaires progresser de 9,4% sur une base organique, à 5,6 milliards d'euros.

Les capacités nettes installées d'énergies renouvelables ont atteint 9,2 gigawatts (GW) à la fin mars, en hausse de 0,5 GW par rapport à fin décembre 2020. Ces capacités se situaient à 8 GW à la fin du premier trimestre 2020. Le chiffre d'affaires du segment EDF Renouvelables a grimpé de 14,4% en organique sur un an, à 437 millions d'euros.

A 11h15, l'action EDF gagnait 2,6% à 11,55 euros, dans un marché parisien en repli de 0,2%.

-Alice Doré, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 90; adore@agefi.fr ed: VLV - LBO

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May 12, 2021 05:22 ET (09:22 GMT)