par Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain

Le groupe fondé et contrôlé par Xavier Niel a dévoilé parallèlement une nouvelle feuille de route à horizon 2024 à l'occasion d'une journée dédiée à ses investisseurs, rendus fébriles par la guerre sans fin des promotion sur le marché français des télécoms.

Iliad, dont le titre affiche un recul de 40% sur les douze derniers mois, se donne notamment pour ambition de raccorder 30 millions de prises en fibre d'ici les cinq prochaines années afin d'atteindre 4,5 millions d'abonnés au très haut débit.

Dans le mobile, Free veut faire migrer 80% de ses clients vers son offre la plus chère en 4G illimitée (contre 58% aujourd'hui) sur le même horizon de temps.

Pour financer ces déploiements, Iliad a conclu un accord avec Cellnex en vue de lui céder 70% d'une société regroupant ses infrastructures mobiles en France, soit 5.700 sites fin 2019, et 100% de la société regroupant ses infrastructures en Italie, soit 2.200 sites.

Le montant initial de la transaction représentera deux milliards d'euros, précise dans un communiqué Iliad, qui restera actionnaire à hauteur de 30% d'"Iliad Towerco" en France.

Parallèlement, Cellnex, devenu un acteur majeur des infrastructures télécoms en France depuis le rachat des tours de Bouygues Telecom (Bouygues), va également racheter 90%des antennes de Salt, opérateur suisse détenu en propre par Xavier Niel, pour 700 millions d'euros.

"La priorité reste de déployer nos réseaux. Ce cash va permettre essentiellement de désendetter le groupe de quasiment un tour d'Ebitda à très court terme et nous permettre de continuer à envisager notre plan stratégique avec une très forte solidité financière", a expliqué à des journalistes le directeur général d'Iliad Thomas Reynaud.

En Bourse, l'action d'Iliad progresse de 6,1% à 100,1 euros à 13h28, enregistrant l'une des plus fortes hausses de l'indice européen Stoxx 600, pour sa part peu changé (-0,55%).

Iliad emboîte ainsi le pas de ses concurrents français SFR (Altice) et Bouygues Telecom après avoir longtemps jugé stratégique de posséder le contrôle de ses réseaux.

CELLNEX, NOUVEAU GÉANT DES INFRASTRUCTURES

L'opérateur, qui devra à l'avenir s'acquitter de loyers pour utiliser les antennes mobiles qu'il a vendues, conservera le contrôle de ses déploiements, a assuré la société, soulignant que seule la partie "passive" des équipements était cédé.

La transaction fait ressortir un prix moyen de 350.000 euros par antenne en France, comparable au prix obtenu par Altice dans une transaction similaire l'an dernier, selon les calculs des analystes de Citi.

"C'est une initiative assez sensée de leur part pour deux raisons : d'une part cela permet à Iliad de financer son déploiement en Italie et par ailleurs, Cellnex aura au final une bien meilleure utilisation de ces infrastructures", estime Karen Egan, analyste à Enders.

Iliad, qui souffre des promotions agressives de ses concurrents SFR (Altice) et Bouygues Telecom (Bouygues), a vu son chiffre d'affaires rebondir au global de 7,7% (+1,0% en France) au premier trimestre en dépit de nouvelles pertes de clients fixes et mobiles dans l'Hexagone.

"Beaucoup de choses ont été entreprises au cours des derniers mois. On commence à voir les premiers signes positifs", a déclaré Thomas Reynaud, tout en précisant qu'un long chemin restait à parcourir.

Pour trouver de nouveaux relais de croissance, l'opérateur télécoms, qui a récemment racheté la société Jaguar Networks, se donne pour objectif de réaliser 4% à 5% de part de marché sur le marché des professionnels à horizon 2024 avec des revenus complémentaires estimés entre 400 et 500 millions d'euros.

Iliad, qui s'est lancé en Italie en 2018 avec une offre mobile à bas coût, confirme aussi sa volonté de devenir à terme un opérateur convergent dans le pays, présent à la fois dans le fixe et dans le mobile avec un chiffre d'affaires qui pourrait atteindre 1,5 milliard d'euros sur "le long terme".

(Avec Andrés Gonzales à Madrid, édité par Jean-Michel Bélot)

par Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain