AB Science chute de 30% à 10,80 euros pour sa reprise de cotation. Le cours de l'action de la biotech française était suspendue depuis vendredi dernier et l'annonce d'une très mauvaise nouvelle. L'Agence Nationale de la Sécurité des Médicaments (ANSM) a décidé de suspendre les études cliniques conduites par le groupe en France sur le masitinib, sa molécule vedette, destinée au traitement de la mastocytose (oncologie) et de la sclérose en plaques.

L'ANSM a observé des violations graves et répétées aux dispositions législatives et réglementaires alors en vigueur. L'agence a également souligné "l'absence de maîtrise des données de tolérance collectées", une "absence de fiabilité des données d'efficacité" et un "défaut de contrôle" d'AB Science en tant que promoteur de recherche.

L'agence juge dès lors que le profil de sécurité du masitinib "ne peut pas être déterminé" et que "le bénéfice éventuel pour les patients participant aux recherches n'est donc pas établi".

Interrogé vendredi dernier par Reuters, le PDG de la société de biotechnologies, Alain Moussy, assuré que la décision de l'ANSM ne remettait pas en cause le profil de sécurité de ce candidat-médicament.

Les analystes sont moins optimistes. Kepler Cheuvreux a suspendu hier sa couverture d'AB Science dans l'attente d'une meilleure visibilité tandis qu'Oddo a dégradé sa recommandation sur le titre d'Achat à Alléger et abaissé son objectif de cours sur la valeur de 48 à 5 euros.

Malgré le message tempéré du management, le broker pense que le titre AB Science entre dans une période de défiance et qu'il pourrait durablement souffrir de suspicion. Il parait clair que la mastocytose ne sera pas autorisé en Europe, or c'était le prochain catalyseur attendu, estime le bureau d'études.

Il ne suffira pas selon lui à AB Science d'obtenir un nouveau feu vert de la France mais il faudra aussi que la société remotive patients et investigateurs de poursuivre ses études.

Pour le courtier, l'action AB Science ne vaut plus que 5 euros. Il fait l'hypothèse conservatrice d'une incapacité de la société à poursuivre ses autres développements.

Selon Portzamparc en revanche, l'espoir subsiste. Le bureau d'études a abaissé son objectif de cours sur le titre de 42 à 32 euros et réitéré sa recommandation d'Achat. Il évoque une situation difficile mais qui lui semble isolée (ANSM/France/essais oncologie/5% des patients). Le broker pense que les essais cliniques reprendront en France. Cependant, cette situation aurait pu être évitée.