Zurich (awp) - De la logistique à l'industrie, les robots prennent de plus en plus d'importance en Suisse, où les liens entre hautes écoles et entreprises sont nombreux. Des freins existent toutefois, que ce soit la réglementation ou l'appréhension face aux nouvelles technologies.

Robot-chien explorateur de sous-sol ou d'usine, drones livreurs de paquets, exosquelettes pour retrouver l'usage de ses jambes: "les robots sont plus que des machines", a lancé Joël Mesot, président de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), en ouverture du Swiss Robotics Day qui s'est tenu mardi à Zurich. Ils sont là "pour servir la société".

L'événement, organisé par le NCCR Robotics, le Centre de compétences pour la recherche en robotique en Suisse, a mis en valeur les liens entre les hautes écoles, universités et les entreprises. Son directeur, Dario Floreano, également à la tête d'un laboratoire à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), a souligné le nombre croissants de brevets et d'émanations dans ce domaine. Les étudiants, également de plus en plus nombreux, sont d'ailleurs tout de suite "recrutés", a-t-il expliqué auprès d'AWP.

Il voit de nombreuses tendances qui alimentent cet écosystème, par exemple dans l'agriculture où les robots peuvent planter avec précision des graines, distinguer à quel moment des cultures ont besoin d'eau ou de pesticides pour en limiter la consommation.

Le robot, aussi un choix politique

Du côté d'ABB, spécialiste de l'automation, la tendance est aussi à des robots qui travaillent avec les employés ou qui sont mobiles, afin de rendre les usines plus flexibles, dans des secteurs de plus en plus variés. Marina Bill, en charge du marketing et des ventes de robotique du géant zurichois, a ainsi expliqué que la demande n'est plus tirée par l'automobile ou l'électronique, comme ce fut le cas ces dernières années. Depuis 2017, ce sont d'autres activités, comme les boissons et l'alimentation ou encore la chimie, qui tirent les commandes de robots vers le haut dans le monde.

Les chefs d'entreprises doivent donc faire "un choix politique" pour ne pas supprimer les emplois, a ajouté Aude Billard, qui dirige le laboratoire Lasa à l'EPFL. "Ils peuvent les garder, en les faisant travailler moins ou autrement", tandis que les robots peuvent se charger des tâches répétitives, par exemple dans la logistique.

"Avec des robots, ils peuvent avoir une production de petite quantité à bas coût et un retour sur investissement en cinq ans". Mme Billard voit un intérêt grandissant de la part de grands groupes suisses ou étrangers, demandeurs de compétences en robots mobiles par exemple, mais aussi en intelligence artificielle.

Si la branche se veut confiante sur la croissance du secteur, des limites ont aussi été soulignées, en particulier dans la santé. Le potentiel y est important au vu du vieillissement de la population.

La pandémie de coronavirus a aussi mis l'accent sur des tâches de routine essentielles, comme la désinfection des poignées de portes, qu'un robot peut nettoyer, même la nuit. Gery Colombo, cofondateur de Hocoma, fabricant zurichois de robots opérants dans la santé, a toutefois estimé que "la régulation est forte" dans un "environnement complexe" où les praticiens sont peut-être "plus conservateurs" qu'ailleurs. Face aux robots, les humains n'ont pas encore dit leur dernier mot.

ck/al