Madrid (awp/afp) - La famille Benetton, principal actionnaire d'Atlantia, s'est dite opposée jeudi au projet du géant espagnol du BTP ACS, qui s'est allié avec deux fonds pour lancer une offre sur le groupe italien et prendre le contrôle de ses autoroutes.

Approchée "de manière non sollicitée" par ces investisseurs, la holding Edizione de la famille Benetton a fait savoir dans un communiqué qu'elle jugeait une telle opération "dénuée d'intérêt", dans la mesure où elle conduirait à un "éclatement du groupe Atlantia".

Edizione a mis en avant sa "propre orientation stratégique" qui consiste "à préserver l'intégrité du groupe et donner un nouvel élan à ses activités en soutenant son développement durable en tant qu'actionnaire principal".

"Atlantia est et restera un actif stratégique à long terme pour Edizione", avait auparavant commenté à l'AFP une source proche de la famille.

ACS avait annoncé mercredi soir avoir conclu "un accord exclusif avec deux grands fonds d'investissement internationaux (GIP et Brookfield) dans le cadre duquel ACS rachèterait la majorité de la division de concessions autoroutières", confirmant ainsi des informations de l'agence Bloomberg.

Le groupe dirigé par Florentino Perez, par ailleurs président du club de football du Real Madrid, a toutefois précisé ne pas avoir encore pris de décision définitive.

Groupe autoroutier et aéroportuaire contrôlé par la famille Benetton, Atlantia grimpait à la Bourse de Milan depuis l'annonce de l'intérêt d'ACS. Vers 14H00 GMT, le titre prenait 7,08% à 20,34 euros, soit une capitalisation boursière totale de 15,4 milliards d'euros.

Une bataille boursière pour Atlantia n'est pas à exclure alors que la famille Benetton, qui détient 33,1% d'Atlantia, a confirmé pour sa part être en discussions avec le fonds américain Blackstone, sans préciser la nature de ce "partenariat".

"Aucun accord n'a encore été conclu" avec Blackstone "concernant des opérations relatives à Atlantia", a assuré Edizione.

Atlantia, qui emploie plus de 30.000 personnes dans 24 pays, gère cinq aéroports et plus de 50 concessions autoroutières dans une dizaine de pays.

Le groupe italien a en revanche déjà cédé en juin 2021 Autostrade per l'Italia (Aspi), gestionnaire du viaduc de Gênes qui s'est effondré en août 2018, à un consortium emmené par la Caisse des dépôts italienne (CDP).

ACS avait manifesté son intérêt pour Aspi auprès d'Atlantia sans toutefois déposer une offre formelle.

Après le drame de Gênes, qui avait coûté la vie à 43 personnes, Atlantia s'était retrouvé dans la tourmente, l'enquête ayant mis en évidence de graves manquements dans l'entretien du pont.

Atlantia et ACS détiennent ensemble la société espagnole d'autoroutes Abertis qui a dans son giron les autoroutes françaises Sanef.

Pour les analystes de Banca Akros, un éventuel rapprochement entre ACS et Atlantia "entraînerait des synergies supplémentaires au niveau des activités latino-américaines (détenues directement par Atlantia et via Abertis)".

afp/rp