Madrid (awp/afp) - Le groupe de construction espagnol ACS envisage de lancer une contre-OPA sur son compatriote, le concessionnaire d'autoroutes Abertis, déjà en discussions avec l'italien Atlantia, a-t-il annoncé vendredi au gendarme de la Bourse espagnol.

"ACS confirme qu'il étudie une possible contre-OPA sur la société Abertis", déclare ACS dans un communiqué publié après la diffusion par le quotidien économique "Expansión" d'informations en ce sens.

A l'ouverture de la Bourse de Madrid, le cours d'ACS a chuté de 1,05%, à 34,45 euros, tandis qu'Abertis grimpait de 1,30% à 16,71 euros.

Abertis, propriétaire notamment des autoroutes françaises Sanef, semble aiguiser tous les appétits: dès la mi-mai, il était visé par l'Italien Atlantia, une union qui, si elle aboutissait, donnerait naissance au leader mondial de la gestion d'autoroutes, avec plus de 14'000 km.

L'OPA avait cependant été accueillie avec prudence par Madrid, le groupe espagnol contrôlant un actif stratégique pour l'Espagne, la société de satellites Hispasat, une filiale qui assure les communications du gouvernement espagnol.

Dans ce contexte, le gestionnaire semi-public espagnol d'aéroports Aena a annoncé mercredi avoir aussi envisagé une contre-OPA sur Abertis.

Le gestionnaire d'aéroports Aena, détenu à 51% par le gouvernement espagnol, a confirmé dans un communiqué avoir "analysé la viabilité financière et industrielle d'une éventuelle offre publique d'achat d'Abertis", comme l'avait annoncé auparavant le quotidien Expansion, poussant l'autorité espagnole des marchés financiers (CNMV) à suspendre les titres des deux sociétés.

Selon "Expansión", le groupe de Florentino Perez envisage de lancer une contre-OPA via sa filiale allemande Hochtief, qu'il contrôle à 72%.

Concurrent du groupe français Vinci, ACS, qui s'est largement diversifié à l'international depuis la crise économique qui a frappé durement le secteur de la construction en Espagne, ferait aussi l'objet de "pressions du gouvernement espagnol", selon "Expansión". Madrid est "depuis le début contre le fait qu'Abertis finisse entre les mains d'un groupe étranger".

"N'importe quel type d'opération sur Hispasat doit recevoir le feu vert du conseil des ministres", avait aussi expliqué à l'AFP un responsable du ministère de la Défense.

La société satellitaire Hispasat, dans laquelle Abertis vient d'augmenter sa participation, est l'actionnaire majoritaire (43%) de Hisdesat, la société "qui gère les communications gouvernementales", a-t-il précisé.

"C'est un sujet très stratégique (...) Une autorisation administrative est nécessaire", a aussi prévenu le ministre de l'Economie Luis de Guindos.

Abertis et Atlantia avaient déjà failli fusionner en 2006 mais l'opération avait échoué à cause de l'opposition du gouvernement italien.

afp/buc