Rome (awp/afp) - Le géant espagnol de la construction ACS a soumis jeudi une offre pour une part majoritaire dans Autostrade per l'Italia (Aspi) qui valorise la société de 9 à 10 milliards d'euros, a appris l'AFP de source financière.

Une proposition en ce sens a été envoyée au conseil d'administration du groupe autoroutier et aéroportuaire Atlantia qui détient 88% des autoroutes italiennes.

Atlantia s'est contenté de confirmer dans un communiqué avoir reçu "une manifestation d'intérêt" d'ACS, "concernant l'achat d'une participation dans Aspi, dans le cadre d'un consortium avec d'autres investisseurs italiens et internationaux".

Interrogé, le groupe ACS n'a pas souhaité commenter.

L'offre serait ainsi supérieure à celle soumise début avril par un consortium emmené par la Caisse des dépôts italienne (Cdp) qui avait valorisé les autoroutes à 9,1 milliards d'euros.

Le conseil d'administration d'Atlantia, contrôlé par la famille Benetton, examinera les deux propositions "dans les prochains jours afin de prendre les décisions nécessaires", selon le communiqué.

Aspi était le gestionnaire du viaduc de Gênes qui s'est écroulé en août 2018, coûtant la vie à 43 personnes.

Depuis ce drame, Atlantia se trouve dans la tourmente car l'enquête, encore en cours, a mis en évidence de graves manquements dans l'entretien du pont.

Après des mois de négociations tendues avec le précédent gouvernement dirigé par Giuseppe Conte, la famille Benetton avait fini par accepter, mi-juillet, de se retirer des autoroutes italiennes.

Selon l'agence économique RadioCor qui affirme avoir lu l'offre, ACS assure "pouvoir envisager également l'entrée potentielle d'autres investisseurs, y compris naturellement la Caisse des dépôts" italienne.

"Nous pensons que cette transaction pourrait représenter une opportunité unique pour Atlantia et pourrait faciliter une future fusion entre Abertis et Aspi", indique l'ACS dans sa lettre.

Abertis, une société de gestion autoroutière, propriétaire notamment des autoroutes françaises Sanef, est co-détenue par ACS et Atlantia.

Un consortium emmené par la CDP avait soumis il y a une semaine une nouvelle offre améliorée pour le rachat de la part de 88% dans Aspi détenue par Atlantia.

Ce consortium formé par la CDP, contrôlée par l'Etat italien, et les fonds Blackstone et Macquarie, avait estimé que cette "offre finale (...) devrait être évaluée positivement par Atlantia et ses actionnaires".

Le conseil d'administration d'Atlantia avait jugé insuffisante une précédente offre soumise le 24 février par le consortium de la CDP qui valorisait 100% d'Aspi à 9,1 milliards d'euros.

Ce montant n'avait pas été relevé dans la nouvelle offre, selon une source financière.

Mais l'estimation des risques légaux potentiels et indemnisations à payer dans le cadre de l'effondrement du pont et d'autres enquêtes judiciaires avait été revue à la baisse, passant de 1,5 milliard d'euros à 800 millions d'euros.

Depuis l'effondrement du viaduc, l'Aspi a déboursé près de 600 millions d'euros pour la reconstruction du pont et l'indemnisation des victimes et leurs familles, selon Atlantia.

Le groupe italien a essuyé une perte nette de 1,17 milliard d'euros en 2020, due à la chute du trafic autoroutier et aérien en raison des mesures de confinement prises pour endiguer la pandémie de coronavirus.

Après l'offre d'ACS, Atlantia a clôturé en hausse de 3,1% à 16,29 euros, dans un marché en baisse de 0,66%.

afp/rp