Genève (awp) - AC Immune et son partenaire américain Genentech, filiale de Roche, n'ont pas concrétisé le critère primaire de leur étude de phase II baptisée Tauriel, évaluant le semorinemab contre la maladie d'Alzheimer à un stade précoce sur plus de 400 patients.

Ce revers vient s'ajouter à l'abandon début 2019 de deux volets de recherches avancées conjointes sur le crenezumab, ciblant la protéine amyloïde bêta, dans cette indication.

L'anticorps semorinemab, ciblant la protéine Tau, n'a pas démontré d'efficacité sensible en matière de réduction du déclin cognitif chez les patients atteints de la forme prodromale à légère de la maladie, selon un compte-rendu diffusé mercredi en début d'après-midi.

AC Immune assure que les mauvaises nouvelles du jour ne remettent pas en cause son modèle commercial, ni son incubateur de produits en développement.

Pépinière intacte, stratégie modulable

Le laboratoire écublanais spécialisé dans la recherche contre les maladies neurodégénératives rappelle avoir déjà engrangé 334 millions de dollars de financement grâce aux partenariats conclus avec Genentech, mais aussi Janssen ou encore Eli Lilly et que le produit potentiel total de ces collaborations représente plus de 3 milliards, sans compter d'éventuelles commissions sur les ventes.

Dans un communiqué distinct mercredi, Genentech souligne que l'autre volet de phase II sur le semorinemab contre la maladie à un stade modéré, baptisé Lauriet, se poursuit. La société entend analyser en profondeur les résultats du volet Tauriel avant de livrer ses conclusions à l'occasion d'un prochain congrès médical.

"Il faut notamment encore déterminer si le médicament a eu un effet sur les niveaux de protéine Tau observés", a expliqué en entretien avec AWP la directrice générale d'AC Immune, Andrea Pfeifer.

L'établissement des causes de l'échec permettra notamment de réorienter les priorités de la recherche vers d'autres molécules ou vers l'emploi d'autres vecteurs d'administration, comme un vaccin par exemple.

Dans l'intervalle, le crenezumab redevient la molécule la plus importante dans la boîte à outil de la société vaudoise pour tenter de percer la biologie d'une maladie qui recèle encore de nombreuses inconnues, a ajouté la scientifique.

Enjeux considérables

Loin de s'avouer vaincue, Mme. Pfeifer a insisté sur l'importance de poursuivre la lutte contre une maladie neurodégénérative qui génère autant des souffrances et une mortalité comparable à l'actuelle épidémie de Covid-19, contre laquelle il n'existe malgré une décennie de recherches intenses aucun traitement efficace.

Sur la seule base de sa trésorerie existante, AC Immune indique disposer de suffisamment de ressources pour alimenter ses recherches jusqu'en 2024.

Le semorinemab constitue l'anticorps anti-Tau le plus avancé et cet échec fait suite à une série de déconvenue dans l'approche ciblant les amyloïdes bêta, souligne Jefferies dans un commentaire. Les 20% de chances de succès que l'établissement new-yorkais attribuait à ce volet de recherche trahisse le risque élevé inhérent au développement de traitements contre la maladie d'Alzheimer.

Le potentiel commercial est devisé à 4 milliards de dollars par année pour la seule forme prodromale à légère de la maladie.

A la Bourse suisse, le bon de jouissance Roche a terminé la séance en nette baisse de 1,8% à 334,30 francs suisses, dans un SMI en repli de 0,25%. Coté à Wall Street, le titre AC Immune s'effondrait de 43,2% à 4,97 dollars, alors que l'indice Nasdaq abandonnait 1,25%.

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